L'édito - Davos, le loft global
Par Jean-Marc Béguin
Chaque semaine, le regard pertinent ou impertinent de Romaine Jean et Jean-Marc Béguin sur notre société et son actualité.
Davos se termine aujourdʹhui. Je nʹy suis pas allé cette année. Avant non plus dʹailleurs. Jʹaurais pu et jʹaurais sans doute été content et flatté comme tous mes collègues. Mais Davos, pardon, le World Economic Forum, cʹest surfait. Ce nʹest pas inutile, loin de là, mais cʹest surévalué. De toute façon, cʹest toujours bien de se rencontrer. Et jʹen suis convaincu: beaucoup de choses intéressantes se disent, se transmettent et sʹéchangent. Parfois sans doute des décisions y sont prises, ou du moins des rencontres ont contribué à des solutions futures.
Au fond, Davos cʹest un super loft globalisé. Un huis clos, une télé réalité avec de vrais leaders, de vrais patrons et de vrais journalistes. Et puis cʹest plutôt sympa comme loft Davos. Gageons que les "global leaders of the World" ne se rendraient pas à Choindez pour y causer mondialisation, liberté et sécurité.
Alors trois groupes de bipèdes bien particuliers se réunissent pendant quatre jours dans un endroit fermé, abrité et protégé. Il y a dʹabord les invités, les plus prestigieux, les dirigeants du monde entier, les grands patrons et quelques stars pour les paillettes.
Cette année, cʹest le gentil Leo DiCaprio qui sʹy est collé. Un peu de bien-pensance écologique, cela ne fait pas de mal. Ce sont eux les stars de Davos, ceux dont on guette la moindre déclaration, dont on quémande la petite phrase et suprême récompense le selfie en sa compagnie que lʹon mettra le plus vite possible en ligne…
Il y a ensuite les participants, des patrons pour lʹessentiel, qui paient, cher, le droit de côtoyer les grands de ce monde. Et puis enfin les journalistes. Trop heureux dʹêtre là. Au cœur dʹun si beau parterre. Avec une petite hiérarchie en fonction de la couleur de son badge.
Davos cʹest the unique place to be en janvier au point globalement dʹen oublier lʹesprit critique. Tout ce petit monde  en ressort heureux, plus intelligent parfois et se promet de revenir lʹannée prochaine. Cʹest cela le succès de Davos.
Surtout les dirigeants du WEF devraient décerner un Crystal Award au mouvement altermondialiste. Oui, ce sont ces gauchistes du monde entier, dans les années 90-2000, qui se sont aveuglés eux-mêmes en décrivant Davos comme le centre du monde, là où les méchants dirigeants comploteurs de la trilatérale décidaient du sort de la planète entre eux et en dehors de toutes les institutions… bref le complot ultra libéral mondial se hourdissait dans les Alpes grisonnes… Cʹétait évidemment ridicule, mais la réputation de Davos a grimpé en bourse…
Aujourdʹhui les manifestants ne viennent même plus. Je vous le disais, cʹest très surfait Davos.