Pietro Bugnon: l'aide au développement victime du clientélisme
En période de disette budgétaire, les votes clientélistes du Parlement éclatent au grand jour. Les partis, quels qu'ils soient, soignent leurs propres électeurs à coups de crédits. Mais dans l'équilibre politique actuel, tous les clients ne sont pas logés à la même enseigne.
Le Parlement de droite fait preuve d'une grande générosité envers les militaires et les agriculteurs. Avec 5 milliards par an, les acquisitions de l'armée sont assurées et les aides fédérales que reçoivent les paysans régulièrement soutenues sous la coupole. A chaque fois qu'une réduction du budget agricole est évoquée, c’est un déferlement de tracteurs sur Berne. Les paysans envahissent la place fédérale et les chambres se couchent.
D'autres ne jouissent pas d'une oreille si attentive. Prenez l'aide au développement. Les dépenses vont stagner. Certes, 11 milliards ont été débloqués, mais cela ne représente que 0,48% du produit intérieur brut. Loin des 0,7% préconisés par les Nations Unies. Et en dessous des 0,5% décidés pourtant il y a quelques années par ce même Parlement.
A-t-on vu dès lors une manifestation sur la place fédérale? Non. Ils sont bien loin de nous, les Syriens, Afghans ou Maliens. Les bénéficiaires finaux de l'aide au développement helvétique. Alors oui, quelques ONG se battent pour eux dans les pas perdus. Mais elles semblent peser bien moins lourd que les milieux agricoles ou militaires. Autrement dit: couper dans la coopération est indolore. Ça ne fait pas perdre beaucoup de suffrages.
Pour défendre leur clientèle, les partis bourgeois sont prêts à négliger les plus faibles, qui ne votent pas en Suisse. Une posture qui ne surprend pas à l'UDC. Bien plus au PDC, lui qui se réfère sans cesse aux valeurs chrétiennes, mais en oublie cruellement le sens aujourd'hui.
Pietro Bugnon