Vincent Bourquin: le manque de transparence gangrène la politique suisse
ll faut réduire les indemnités des élus fédéraux. Tout le monde se souvient de ce coup de gueule de Christoph Blocher au moment de quitter le Conseil national. Facile à dire pour un milliardaire. Dans le même élan, l'ancien conseiller fédéral a aussi dénoncé la professionnalisation du Parlement.
C'est vrai, de plus en plus de conseillers nationaux et surtout de conseillers aux Etats sont désormais des pros de la politique. Une réalité qui se justifie par des exigences et des pressions toujours plus grandes. Jamais les parlementaires n'ont été aussi sollicités par les médias, leur parti ou le public en général.
Qui dit professionnalisation, dit aussi rétribution. Combien gagnent les élus fédéraux? Impossible de le savoir précisément. Une fois de plus, le citoyen se voit confronté à ce mal dont souffre la politique suisse: le manque de transparence financière.
Théoriquement, le montant des jetons de présence, les indemnités sont publics. Mais les services du Parlement refusent de donner ces montants additionnés qu’ils ont pourtant à disposition. Sous prétexte de protection des données, au détriment de la loi sur l'information. Calculer ces revenus est impossible, car ils sont extrêmement variables. Des parlementaires qui remplacent régulièrement des collègues dans les commissions ou multiplient les rapports parviennent à joliment arrondir leur fin de mois. Et l'on ne parle là que de l'argent versé directement pour leur travail sous la coupole.
Dévoiler des chiffres réels permettrait donc d'avoir un débat clair sur la professionnalisation, cela mettrait aussi fin à certains fantasmes. Connaître ces revenus serait un premier pas, avant d’obtenir enfin la nécessaire transparence sur le financement des partis et des campagnes politiques.     
Vincent Bourquin