Voir plus grand pour garder les multinationales
Quoiqu'en disent les grands argentiers, la concurrence que se livrent les cantons pour attirer les entreprises étrangères est contre-productive. Car changement de paradigmes internationaux oblige, la "guéguerre" que se livrent les régions suisses à coups de sous-enchères fiscales et autres régimes d'exception est un concept dépassé.
La fiscalité des multinationales s’apprête à vivre un "big bang" sans précédent. Et pour rester compétitive en période de fortes turbulences, la Suisse aurait tout intérêt à promouvoir ses nombreux atouts à l'échelle nationale, et non plus locale. En effet, dans un contexte fiscal et réglementaire plutôt hostile, la "petite" Suisse n'aura aucune chance de défendre ses intérêts contre le G20 et l’OCDE… si elle le fait en ordre dispersé.
Le bon sens voudrait que les cantons établissent une stratégie commune, acceptable à l’étranger et munie d’un mécanisme de compensation pour les régions du pays les moins bien loties. Dans l’idéal, la Suisse se doterait d’un système de taxation des entreprises, locales comme étrangères, avec un taux unique et raisonnable. Et pour toutes les activités liées à la recherche et au développement, Berne serait bien inspirée d'imiter le modèle des patentes des Anglo-Saxons.
Comme pour feu le secret bancaire, jouer la montre serait suicidaire et briserait le dynamisme de promotion de l'économie suisse, qui garantit emplois et prospérité. Car pour garder et continuer d'attirer des multinationales, la politique court-termiste de certains cantons n'a plus d'avenir.
Fabrice Gaudiano