Les hygiénistes contre les vapoteurs
Le principe de précaution est un excellent principe. A condition toutefois de s'en servir avec précaution. L'invoquer aujourd'hui pour lancer l'hallali contre la cigarette électronique est outrancier. Bien sûr l'innocuité de ce produit de substitution n'est pas encore démontrée pour le vapoteur, surtout s'il adopte un liquide à base de nicotine. Mais c'est son choix, sa liberté. En revanche, s'époumoner contre la vapeur qui s'en échappe sous prétexte qu'elle pourrait nuire à ses voisins relève d'une mauvaise foi certaine.
Une fois décidée, l'interdiction de fumer dans les lieux publics a pu s'imposer facilement. Si facilement qu'on en a presque oublié le dur combat qu'il a fallu mener pour l'obtenir. Un combat légitime celui-là. Car la dangerosité de la fumée passive était scientifiquement prouvée. Dans des lieux ouverts à tous, le fumeur mettait donc en danger la santé de ceux qui y travaillaient. Et puis, il entravait sans équivoque la liberté du non-fumeur qui voulait préserver ses poumons.
Rien de tel avec la cigarette électronique. Il n'y a donc pas de raison valable de l'interdire. En ce sens, la décision en solitaire de l'Union des transports publics est inquiétante. Elle est liberticide et inutilement vexatoire pour tous ces fumeurs qui réduisent drastiquement leur consommation grâce à ce petit engin.
Eviter qu'un contrôleur se méprenne entre une vraie clope et une e-cigarette, voilà une justification bien peu convaincante pour un interdit qui a plutôt valeur de signal. Celui d'une moralisation accrue de la société sur fond d'hygiénisme. Gageons que ce premier règlement n'est que le prélude à un bannissement généralisé du vapotage dans les lieux publics.
Pierre-Han Choffat