Le féminisme aujourd'hui
Je l’avoue franchement: aujourd’hui, le féminisme me met mal à l’aise. Il faut dire qu’à l’origine c’était un mouvement d’émancipation, de liberté, de rire et de jouissance. C’est devenu très normatif, assez intolérant et ça a tendance à compliquer les rapports ; en tous cas à les rigidifier. Bien sûr problème il y a: il suffit de regarder le Panthéon à Paris. Sanctuaire des grands hommes. Justement. A la rue Soufflot, peu de femmes: il n’y a que Marie Curie en fait! Alors François Hollande doit se décider pour un programme qui propose d’y intégrer les grandes femmes de l’Histoire française.
Dans le lot manque pourtant Olympe de Gouges, cette révolutionnaire qui écrivit la Charte des droits de la femme et de la citoyenne en 1791 et qui avait le don d’énerver Robespierre; elle fut guillotinée sans preuves par les Jacobins. Aujourd’hui Hollande a un problème, Olympe de Gouges est le personnage favori de son ex-femme, Ségolène Royale. Le pauvre va devoir s’extirper de cette situation personnelle délicate.
En Suisse, l’absence de Suissesses de renom dans l’Histoire nationale est un fait. Qu’il est difficile de défaire. Pourtant, quand on pose la question à Elisabeth Kopp, si les Suisses sont plus "Frauenfeindlich" que les autres, puisqu’ils ont accordé le droit de vote si tard à leurs femmes, elle sourit: contrairement au reste du monde, le droit de vote des femmes n’a pas été imposé au peuple par une décision gouvernementale, ce sont les hommes qui ont décidé ce droit de vote.
Les mentalités changent lentement, c’est vrai. Et il reste à inventer une véritable parité hommes-femmes qui ne soit pas une farce: les femmes singeant les hommes ou les hommes singeant les femmes. Les femmes sont différentes et c’est cette différence, justement qui est intéressante. C'est elle qui crée la diversité, la créativité, la richesse de nos sociétés quoi!
Alors faut-il imposer des quotas, forcer la dose, ou plutôt laisser faire les choses, naturellement, lentement; trop lentement… ?
Le problème est peut être plus simple qu’il n’y parait: une étude allemande affirme que ce qui retient les femmes de faire carrière en Allemagne est UNIQUEMENT le manque de places de crèches. On pourrait commencer par là, commencer par le commencement. Au lieu de s’écharper sur le passé.
Alain Croubalian