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L'émission du 10 août 2014

Juifs en Suisse (3/4): Genève et les étudiants juifs de l’Est au détour du XXe siècle

En 1910, les étudiants juifs de l’Europe de l’Est représentent plus de la moitié de l’effectif de l’université de Genève.

Cette arrivée de nombreux migrants de l’Est va changer, en profondeur, le visage de la communauté juive genevoise.

A la fin du XIXe siècle, deux types de communautés juives se déploient à Genève sans pour autant vraiment se rencontrer. La communauté juive officielle et les étudiants juifs de l’Est.

Reconnue officiellement depuis 1852, la communauté juive "genevoise" se développe rapidement avec l’arrivée de Juifs d’Alsace pour la plupart. Commerçants, créateurs des premiers grands magasins ou exerçant des professions libérales, ils s’insèrent dans le tissu économique genevois.

A ces Juifs originaires d’Alsace se joignent, dès la fin du XIXe siècle, des immigrants ashkénazes d’Europe de l’Est. Ils fuyent des conditions socio-économiques et politiques précaires. Leurs traditions ou leur pratique religieuse sont quelque peu différentes.

A côté des membres de cette communauté composée essentiellement de familles, une toute autre population israélite coexiste à Genève. C’est celle des étudiants juifs dit "orientaux", originaires de l’Empire russe.

L’Université de Genève fut, dès sa création en 1874 et jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale, un véritable pôle d’attraction pour ces étudiants. Au point où en 1910, sur 1’438 étudiants inscrits, la moitié est des étudiants de confession juive.

Cette énorme proportion s’explique par les conditions de vie déplorables dans l’Empire russe, un nombre restreint d’universités, les droits d’accès aux études supérieures pour les minorités extrêmement limités, l’accès interdit aux études supérieures pour les femmes.

Un corollaire à cela, le quartier universitaire devient une véritable plaque tournante de la contestation politique et du militantisme juif le plus divers: sionistes regroupés autour de Haïm Weizmann, socialistes du Bund et anarchistes vont s’y côtoyer et confronter leurs visions du monde souvent opposées.

Jean Plançon, spécialiste de l’histoire des Juifs à Genève, nous fait le récit de cet épisode de l’histoire genevoise peu connue.

Un reportage d’Evelyne Oberson.

Le corps en otage, l’esprit libre

Daniel Larribe a vécu 3 ans en captivité au Niger, dont une partie avec son épouse Françoise. Retour sur une épreuve qui s’est achevée le 29 octobre 2013.

A quoi se raccroche-t-on quand on est otage? Quel espoir a-t-on pour l’avenir? Le couple Larribe a accordé un entretien à Cyril Dépraz et Aline Bachofner.

Nouvelle diffusion de la séquence de l'émission du 2 février 2014.

Le 16 septembre 2010, Daniel et Françoise Larribe sont enlevées au Niger par le groupe "Al Qaida au Maghreb islamique". Françoise est libérée cinq mois plus tard mais Daniel, ingénieur minier de la société française Areva, reste captif.

Que faire de son temps lorsqu’on est à la merci de preneurs d’otage? Quelles sont les échappées possibles dans une vie dont on ne dispose plus vraiment ? Quel impact ce traumatisme a-t-il sur les valeurs et les croyances?

Daniel et Françoise Larribe racontent au micro de Cyril Dépraz et Aline Bachofner les étapes-clés de leur détention et livrent un peu de ce qui a habité leur esprit dans ce temps de captivité, entre les espoirs et les angoisses.

Un récit suivi d’un entretien avec le docteur Franck Garden-Brèche, hypnothérapeute et médecin-urgentiste français, auteur d’un travail sur l’adaptation psychologique aux prises d’otages et qui revient sur l’impact que ce genre de traumatisme peut avoir sur la spiritualité de quelqu’un. Un impact très variable mais qui peut conduire à un engagement religieux très visible comme ce fut le cas pour Ingrid Bettencourt par exemple. Un entretien proposé par Fabien Hünenberger.