Claude Dubois, en liberté conditionnelle, récidive et tue Marie sur un sentier forestier en mai 2013. [RTS]

Meurtre de Marie: le procès de la récidive

L'émission du 3 juin 2015

Le 15 mai 2013, le corps sans vie de Marie est retrouvé sur un sentier forestier, dans le canton de Fribourg. Son meurtrier, Claude Dubois est bien connu de la justice. Après avoir passé douze ans derrière les barreaux pour le viol et l’assassinat de son ex compagne, il est depuis peu au régime des arrêts domiciliaires et porte un bracelet électronique. Le meurtre de Marie, 19 ans, agit comme un électrochoc sur tout le pays: comment Claude Dubois a-t-il pu récidiver? Zone d’ombre donne la parole aux principaux acteurs du drame.

Alors que le procès de Claude Dubois est attendu dans les mois à venir et que les discussions autour d’un possible internement à vie défraient la chronique, Zone d’ombre revient sur les circonstances d’une affaire criminelle qui a ébranlé la Suisse. Comment le régime de fin de peine de ce dangereux meurtrier était-elle contrôlée ? Les évaluations de sa dangerosité ont-elles été faites par des experts compétents ? Quelles ont été les failles du système judicaire ? Quel est le profil psychologique de Claude Dubois ? Pour aborder ces questions, Sofia Pekmez reçoit sur son plateau Maître Jacques Barillon, défenseur de la famille de la victime, le psychanalyste Thémélis Diamantis et Benjamin Brägger, expert en exécution des peines.

De nombreux autres témoignages irriguent l’émission dont celui, poignant, du père de Marie. Outre une reconstitution de l’assassinat de la jeune fille, Zone d’ombre propose un retour sur le premier meurtre commis par Claude Dubois, celui de Pascale, son ex-compagne. En 1998, à l’âge de 24 ans, Claude Dubois est condamné à 20 ans de prison pour assassinat, menaces de mort, séquestration, enlèvement, contraintes sexuels et viol. Il récidivera, 15 ans plus tard…

19 ans et un jour…

(chanson écrite par le père de Marie en octobre 2014 en mémoire de sa fille)

Tu rentrais chez toi

Tu entrais dans la vie

Marchant sous les grands arbres

C’était un lundi              

On allait se revoir

Ta voix au bout du fil

On allait te fêter

Tu étais tout sourire

 

Et puis…

Dix-neuf ans et un jour, c’est quand même un peu court, maudit lundi

Dix-neuf ans pour toujours, c’est vraiment trop court

C’est vrai tu cherchais ta voie

Encore jeune encore fille

T’as bugué quelque fois

La vie et tes envies

Et puis tous ces miroirs

Et puis tout ce qui brille

Tu n’en revenais pas

T’en avais plein les pupilles

Et puis…

Dix-neuf ans et un jour, c’est quand même un peu court, maudit lundi

Dix-neuf ans pour toujours, c’est vraiment trop court

Dans l’allée aux grands arbres

Tes pas n’vont plus retentir

Ni le son de ta voix

Pour égayer nos lundis

Mais on te sait en des bras

Qui t’aiment et te chérissent

Chantant dans la chorale

Des myriades angéliques

Alors…

Dix-neuf ans et un jour, même si c’est un peu court, c’est pas fini, non, non, non    

Dix-neuf ans mais pas seul’ment : l’éternité devant !

Bonus de l'émission

Le rappel des faits

Le 13 mai 2013, à 19 heures, Marie, serveuse au restaurant du Golfe, à Payerne, quitte son travail. Soudain, une voiture s’arrête à sa hauteur. Le conducteur se jette sur elle, la pousse dans le véhicule et redémarre en direction de Moudon. Un témoin assiste à la scène et donne l’alerte. L’homme recherché par les polices vaudoise et fribourgeoise n’est pas un inconnu : Claude Dubois, Gruyérien de 36 ans, est en liberté conditionnelle depuis peu ; il vient de passer 13 ans derrière les barreaux pour l’assassinat de son ex-compagne. Après une longue traque sans répit, les enquêteurs mettent la main sur Claude Dubois. Mais de Marie, pas trace. Son corps sans vie est finalement retrouvé le 15 mai 2013, sur un sentier forestier, sur la commune fribourgeoise de Châtonnaye.

Le rappel des faits [RTS]

Les semaines qui précèdent la mort de Marie

En 2000, Claude Dubois est condamné à 20 ans de prison pour la séquestration, le viol et l’assassinat de son ex-compagne. Après avoir effectué les deux tiers de sa peine, il est mis en liberté conditionnelle à l’été 2012. Il est soumis aux arrêts domiciliaires et doit porter un bracelet électronique. Son père, entrepreneur connu dans la région, lui trouve un travail d’aide-monteur et un appartement à Avenches. Dans l’immeuble, on trouve ce nouveau voisin très bizarre. Claude Dubois est accro aux réseaux sociaux, Marie aussi. C’est donc sur la toile qu’ils font connaissance et, dans les semaines qui suivent, ils entretiennent une relation. S’agit-il d’un flirt, d’une réelle histoire d’amour ou d’une relation tarifée, comme certains le suggèrent ? Difficile à dire. Mais le couple est vu ensemble à plusieurs reprises. Peu de jours avant le drame, après une nuit passée dans l’appartement d’Avenches, Marie confie à une amie son effroi : elle a vécu des choses horribles, dit-elle, et ne veut plus voir celui qu’elle présentait comme « son copain ». Claude Dubois tente de reprendre contact avec la jeune femme, en vain. Le 13 mai, il l’enlève, la séquestre et la tue.

Les semaines qui précèdent la mort de Marie [RTS]

Me Loïc Parein et l'image de Marie

Claude Dubois devrait être jugé dans les mois qui viennent. Il est défendu par un avocat vaudois de 32 ans, Me Loïc Parein. Son rôle consiste à représenter et assister son client davantage qu’à le défendre, ce qui signifierait qu’il cautionne, en quelque sorte, ce qui s’est passé. Il attend du procès que toutes les parties puissent être entendues comme il convient et que les débats aient de la tenue. A ceux qui l’accusent de vouloir salir la victime en évoquant l’éventualité qu’elle se prostituait, Me Parein rétorque qu’il partage ce souci , mais que le dossier doit être établi sur des faits, aussi désagréables soient-ils.

Me Loïc Parein et l'image de Marie [RTS]

Le 1er assassinat commis par Claude Dubois

Claude Dubois rencontre Pascale dans un fitness bullois. Il a 22 ans, elle en a 9 de plus. Rapidement, cette relation s’annonce difficile tant le jeune homme est jaloux, possessif et agressif. Après une année et demie en dent-de-scie, en octobre 1997, Pascale met fin à leur vie de couple. Claude Dubois refuse la rupture. Pendant 4 mois, il va harceler son ex-compagne avec une détermination et une violence qui va crescendo. L’entourage des ex-conjoints tente ce qu’il peut pour éviter cette spirale infernale : les proches font en sorte que Claude Dubois soit seul le moins souvent possible, les deux familles organisent une rencontre, il y a d’innombrables discussions, des appels à la raison. Rien n’y fait : « Elle revient ou je la tue », prévient le jeune homme. Effrayés, ses parents font disparaître toutes les armes de leur domicile et vont jusqu’à faire interner leur fils. Mais les médecins ne décèlent aucune maladie mentale, il ressort le lendemain. Le 14 janvier 1998, Claude Dubois enlève et séquestre Pascale dans le chalet familial, à la Lécherette. Après avoir entretenu des rapports sexuels avec elle, il la tue de 5 balles, la dernière à bout touchant. Lors de son procès, en juin 2000, Claude Dubois est qualifié de pervers narcissique et condamné à 20 ans de prison. La question de la récidive n’est alors que très peu évoquée.

Le 1er assassinat commis par Claude Dubois [RTS]

Me Loïc Parein ne croit pas à l'internement à vie

Me Loïc Parein est conscient que la première condamnation de Claude Dubois peut peser lourd lors du procès à venir. Mais, selon lui, il ne faut pas tout mélanger et considérer chaque affaire dans ses particularités. Outre la dignité des débats, à laquelle l’avocat de Claude Dubois tient beaucoup, l’internement à vie du prévenu est l’autre enjeu du procès à venir. Mais comment cette institution pourrait-elle être effective ?, se demande l’avocat lausannois. En effet, l’internement à vie est résolument condamné par la Cour Européenne des droits de l’homme.

Me Loïc Parein ne croit pas à l'internement à vie [RTS]