Pour la première fois en Suisse, des caméras ont pu pénétrer dans le saint des saints de la justice des mineurs : les audiences. Rendue à huis-clos, cette justice était l’un des secrets les mieux gardés d’Helvétie. Or le juge des mineurs Michel Lachat, 60 ans, a accepté, à titre exceptionnel, qu'une équipe de Temps Présent l’accompagne jusque dans les prétoires. L’émission consacre à l’événement deux films de 52 minutes, diffusés les jeudis 30 septembre et 7 octobre (20h10, TSR1).
Les jeunes volent, les jeunes frappent, les jeunes tuent, parfois. La délinquance juvénile fait partie des grandes préoccupations contemporaines, et la justice des mineurs se retrouve souvent à la une des journaux. En général, c’est pour dire qu’elle ne fait pas son travail !… Mais qui connaît son travail ? Jusqu’en 2007, la loi imposait une confidentialité totale. Le huis-clos s’imposait à toutes les étapes de l’audience et ne souffrait aucune exception. La nouvelle législation est à peine moins restrictive, bien qu’elle ait autorisé ce film.
Comment faut-il juger Loïc* ? Ce jeune homme de dix-sept ans, intelligent, travailleur et en bonne santé, replonge dans la violence chaque fois qu’il est remis en liberté ? Comment juger Anabelle*, cette écolière accusée d’avoir volé 100 francs à sa maîtresse et qui clame son innocence ? Et Marcel* ? Cet adolescent, inconnu de la justice, qui s’est embarqué dans une terrible bagarre un jour d’été, et qui a failli tuer un camarade… Et Robyn, cet adolescent qui aligne les petits délits avec, apparemment, une totale insouciance ?
Michel Lachat joue de toutes les ressources de la législation suisse. Il incarne un modèle: le juge qui fait tout. C’est lui qui instruit l’affaire, c’est lui qui fixe la sentence, c’est lui qui va voir comment la peine est appliquée et si elle est efficace. La justice des adultes répartit ce travail entre juge d’instruction, président de tribunal et juge d’application des peines.
*Noms connus des auteurs
Un reportage de Jacques de Charrière et Dominique Clément