Ikea, les petites combines du roi du meuble
(Disponible 7 jours depuis la Suisse)
C’est le roi universel du meuble à monter soi-même: Ingvar Kamprad, "Monsieur IKEA". Il a longtemps figuré en tête du classement des plus riches de Suisse. Car il vit chez nous, pour des raisons fiscales bien sûr. Fondateur et propriétaire d’un groupe qui pèse 66 milliards de dollars, il a mis sur pied un réseau sophistiqué qui lui permet de soustraire au fisc suédois des milliards d’impôts. Un réseau dirigé depuis Lausanne et Epalinges.
De la petite menuiserie fondée en 1947 à la multinationale du meuble, dont les enseignes jaunes et bleues aux couleurs de la Suède trônent aux périphéries de toutes les grandes villes, il y a le parcours d’un monsieur rusé et gros travailleur : Ingvar Kamprad. Un génie qui aime jouer les benêts, qui donne ses ordres par fax et par écrit au stylo feutre, et qui affiche un patriotisme sans limite pour sa chère Suède, à laquelle s’ajoute une modestie – une avarice, diront certains – devenue proverbiale.
Mais il y a une autre facette du grand patron d’IKEA que peu de gens connaissent : sa détestation du fisc, il est vrai particulièrement gourmand en Suède. Dès 1973, Kamprad quitte officiellement la Suède pour échapper à l’impôt sur sa fortune, qu’il a considérable. Plus de 11 milliards, il y a encore peu, réduite à 6 milliards officiellement selon le dernier classement de "Forbes", grâce à un tour de magie du malin Suédois.
Cette enquête menée par la télévision suédoise et adaptée par Temps présent révèle en effet le réseau complexe de fondations, dont les traces passent par la Hollande, le Luxembourg, le Liechtenstein, Curaçao et la Suisse et dont le seul but est de faire s’évaporer dans la nature une bonne partie des bénéfices gigantesques d’IKEA, pour les soustraire aux gourmandises du fisc. Officiellement, Kamprad et sa famille ne sont plus propriétaires du groupe. Mais les journalistes se sont procuré des documents qui expliquent en détail comment une bonne partie des milliards encaissés par les magasins sont "remontés" dans les fondations à l’étranger, qui en reversent une grosse partie dans les caisses personnelles du fondateur. Celui-ci s’est entouré de redoutables fiscalistes de l’Arc lémanique, dont un ancien conseiller du président russe Vladimir Poutine. D’anciens collaborateurs ont claqué la porte, fâchés par le double discours du roi suédois du meuble.
A l’heure où le débat sur la fiscalité des entreprises, en particulier dans le canton de Vaud, est en pleine turbulence, cette enquête va faire grincer des dents.
Rediffusion le vendredi 6 avril 2012 à 0h50 et le lundi 9 avril 2012 à 16h05 sur RTS Deux.