69 ans après la création de l’AVS et 32 ans après celle du 2ème pilier, le problème de la pauvreté des personnes à la retraite n’est toujours pas réglé. Pire, il s’aggrave. Selon certaines estimations, un retraité sur cinq se débrouille aujourd'hui comme il peut pour ne pas sombrer en dessous du minimum vital. Leur quotidien est fait de petites et grosses batailles pour boucler les fins de mois. Ils ont surmonté un tabou typiquement helvétique, la stigmatisation de la pauvreté, pour témoigner face à la caméra.
Au milieu du mois, Renée n’a plus que 100 francs pour le terminer. Comment fait-elle? Elle vit d’expédients, notamment en vendant des appareils ménagers ou d’autres objets de valeur, dont elle se prive de plus en plus. Son AVS et sa caisse de pension lui assurent un revenu mensuel de 2'570 francs. Ce n’est pas assez pour subvenir à ses besoins. La moindre dépense imprévue déséquilibre son budget.
Ils et elles sont des centaines de milliers à vivre de cette manière, parce que beaucoup touchent des rentes vieillesse trop faibles pour faire face au coût de la vie en Suisse. La hausse des loyers et celle des primes maladie est passée par là. Et les prestations complémentaires ne parviennent plus à boucher tous les trous.
Cette pauvreté est d’abord féminine. Un demi-million de femmes n’ont que l’AVS pour vivre. En moyenne, leurs rentes sont inférieures de 37% de celles des hommes. Une inégalité frappante à cause du 2ème pilier, qui les pénalise particulièrement. Cette précarité des aînés risque d’augmenter, car les fins de carrière professionnelle sont désormais de plus en plus difficiles, en raison du chômage de longue durée, entre autres. La conséquence: des caisses de pension insuffisantes pour compléter l’AVS.
Rediffusion le lundi 11 septembre 2017 à 16h05 sur RTS Deux.
Un reportage de Pietro Boschetti et Xavier Nicol
Image : Alain Pentucci Son : Benedikt Fruttiger Montage : Chantal Dall'Aglio