Frontaliers, entre deux eaux
L'émission du 5 février 2015
Au début des années 80, ils étaient une petite trentaine. Aujourd’hui, ils sont plus de 3’000 à traverser le lac Léman chaque jour pour venir travailler en Suisse. Le premier navire quitte Evian à 5h40 avec sa première fournée d’ouvriers frontaliers. A 7h00, ce sont les traders, les cols blancs. A 8h20, le "Club des Blondes"…Dans le sens inverse, ceux qui terminent leur travail de nuit – infirmiers, veilleurs ou boulangers – prennent le premier bateau d’Ouchy pour rentrer se coucher en France. Bienvenue à bord du "Léman", un bateau trait d’union entre deux mondes qui se font face… Une relation complexe, mise à mal par la votation du 9 février et par un ressentiment anti frontalier de plus en plus fort en Suisse romande.
A l’époque, les frontaliers français venaient principalement d’en face, de Haute Savoie – aujourd’hui, de beaucoup plus loin: Normandie, Bretagne, ou encore du Sud de la France. Ils se déracinent, poussés par la crise en France et attirés par les bons salaires et le plein emploi en Suisse. Mais rares sont ceux qui renonceraient à cet Eldorado helvétique…
Or depuis la votation du 9 février, ils sentent qu’ils ne sont plus vraiment les bienvenus.
Frontaliers, entre deux eaux offre une plongée dans l’intimité d’une dizaine de frontaliers qui prennent chaque jour le bateau entre Evian et Lausanne – des ouvriers, des cols blancs, des serveuses d’hôtel, des vendeuses de grands magasins. Certains travaillent de jour, d’autres la nuit, comme Lucien, aide de salle au CHUV. Une traversée qui leur sert à la fois de sas de décompression et de "confessionnal".
Quel est le quotidien de ces nouveaux "nomades"? Quel coût social implique pour eux la traversée? Pourquoi frisent-ils si souvent avec le burnout ? Et comment sont-ils perçus en Suisse, ou encore en France voisine… où leurs villas attisent souvent la jalousie des voisins ? Frontaliers, la source de tous les maux…
Entre deux eaux, les "boat people" du lac Léman n’en ont pas fini de ramer.
Rediffusion le vendredi 6 février 2015 à 0h25 et 10h30 puis le lundi 9 février 2015 à 15h20 sur RTS Deux.