Ce sont les Terminators de l'horodator. Sans merci, ils chassent
la moindre minute dépassée, le moindre disque bleu aux indications
erronées, la moindre voiture stationnée en dehors des zones
autorisées. Bref, les contractuels font la loi sur le bitume.
En automne 2002, Genève a engagé 85 nouveaux agents municipaux
(dénomination officielle pour contractuel, jugé trop péjoratif !).
Qui sont-ils ? D'où viennent-ils ? Il s'agit de gens pour qui
devenir agent municipal signifie avant tout sortir du chômage. En
effet, les candidatures pour cette formation sont ouvertes pour
toutes les personnes jusqu'à 55 ans, ce qui soulage les chômeurs en
fin de droit et ceux obligés de se reconvertir. Ainsi ce menuisier
qui n'aurait jamais envisagé un autre métier et qui remarque avec
humour : « Je ne vais plus couper les bûches, je vais en donner !
»
Donner des bûches. La formation est stricte et ciblée : « Les
agents municipaux sont affectés exclusivement au contrôle du
stationnement à l'exclusion de toute autre compétence de police »,
explique ce chargé de formation. En clair, arpenter le trottoir le
carnet à la main. Les apprentis agents s'acquittent de leur tâche
avec sérieux et professionnalisme. C'est un travail, autant le
faire bien, semblent-ils dire. Ceci d'autant plus qu'il profite à
la municipalité. Faites le calcul : la rentabilité est de 30 à 35
amendes de 40 à 120 francs par jour et par personne. A ce rythme,
les recettes prévues pour 2004 sont estimées à 13 millions, avec 3
millions de bénéfice pour la Ville de Genève.
L'autre volet de la formation consiste à apprendre à répondre à
l'automobiliste enragé qui vient de se voir affecté d'une millième
amende. Un jeu de rôle dans lequel excelle un comédien devenu
contractuel pour subvenir à ses besoins et ceux de sa mère,
dépendante depuis son attaque cérébrale. Avec un salaire de base de
4500 francs, il trouve là le moyen de retrouver une vie stable,
situation quasi utopique pour un chômeur après 50 ans.
La moyenne d'âge actuelle des femmes qui deviennent mères se situe entre 28 et 29 ans. Allongement des études, carrière, célibat, les femmes sont mères de plus en plus tard. Pourquoi des jeunes de 16 ans font-elles le choix de garder un enfant ? Comment vivent-elles cet événement ? Etonnamment de manière beaucoup plus posée que les nouvelles mères de 35 ans, pour qui enfant signifie rupture.
« J'ai eu peur », « Je me cachais du regard des autres », «Je me sens plus mature»... Elles ont entre 16 et 18 ans, elles sont mères. Avoir un enfant ? « Une surprise », comme disent celles qui ont décidé de garder cet enfant envers et contre tout. C'est que l'entourage - la propre mère, les médecins, le petit ami - est plutôt enclin, dans ce genre de situation, à suggérer une interruption de grossesse, ce qui est par ailleurs le choix de la majorité des ados enceintes. Celles qui acceptent « la surprise » le font avec détermination et lucidité, comme elles le prouvent à travers ces témoignages qu'elles livrent à coeur ouvert.
« Ma fille, c'est une maman...», dit cette (grand-)mère, le ton aussi fier que nostalgique. Elle semble se souvenir qu'il y a encore peu de temps c'est elle qui tenait sa fille dans les bras. Mais elle voit avec satisfaction que sa fille fait une mère responsable. « Je te soutiendrai quel que soit ton choix », lui avait-elle dit. Le choix ? Garder le bébé, malgré ses 14 ans, malgré un père - ado- immédiatement hostile. Le plus dur ? Devoir affronter le regard des autres. Aujourd'hui, la jeune maman d'Alicia (8 mois) va commencer un apprentissage. S'assumer fait partie de ses priorités.
Tout comme la maman de Yann qui a décidé de le garder quand elle a « entendu battre son coeur ». Elle aussi s'est retrouvée seule après que son petit ami l'a laissé en plan avec son choix. Mère très attentive, elle doit, comme les filles dans sa situation, assumer le double statut d'ado et de parent responsable. En attendant le jour où elles rencontreront celui qui voudra partager cette vie de famille.
Financièrement, elles bénéficient d'aides sociales. Il existe également des endroits, comme " L'Abri " à Lausanne, qui accueille les jeunes mères en difficulté. Prises en charge par le service social de la jeunesse, elles séjournent là le temps d'apprendre à s'occuper de leurs enfants et de reprendre confiance dans la vie active, soit par les études, soit par un apprentissage. Certaines ont été blessées dans leur propre enfance, telle cette orpheline de 18 ans qui a retrouvé goût à la vie depuis qu'elle a mis au monde Jeremy : « La grossesse m'a sauvée », confie-t-elle.
Sans volontairement prendre parti, ce reportage rend compte d'une réalité sociologique, un phénomène de société qui, pour être très présent aux Etats-Unis et en Angleterre, n'existe pas moins en Suisse.
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