De chair et de bois
Bruno Prin a l’oeil qui brille lorsq'’il vous parle de ses marionnettes… Il faut dire qu’il les aime ses têtes en bois…. Guignol, Gnafron, mais aussi le gendarme ou encore le vilain Patate.
Guignol, c’est une affaire de famille… Chez les Prin, on est acrobate, clown, saltimbanque depuis six générations… En hiver, on remisait le chapiteau impossible à chauffer, pour jouer Guignol dans les écoles et les granges. Bruno a appris la manipulation et le jeu en observant son grand-père répéter dans la caravane.
Aujourd’hui avec son épouse Margaret, il perpétue la tradition et sillonne la Suisse romande de village en village pour présenter les aventures du petit lyonnais. Cela fait 30 ans que ça dure et la magie opère à chaque fois… Les rires des enfants d’aujourd’hui résonnent comme ceux d’il y a un siècle.
On en oublie presque que jadis Guignol s’adressait à un public d’adultes ! Né au milieu du 18e siècle à Lyon de l’imagination d’un canut, un ouvrier de la soie au chômage, Guignol et son compère Gnafron sont rapidement devenus les porte-paroles des pauvres et des sans-voix. Impertinent et politique, Guignol a même subi les foudres de la censure napoléonienne avant de devenir l’idole des plus petits.
Truculent, malicieux et poète, Guignol a trouvé en Bruno son double. Ou peut-être est-ce l’inverse? Luc Breton ne s’y est pas trompé. Pour ce luthier vaudois réputé, Bruno Prin est le digne héritier des guignolistes lyonnais qui ont bercé son enfance. A tel point qu’il a décidé de reprendre ses ciseaux à bois pour lui créer de toutes nouvelles marionnettes.
Un reportage de Valérie Teuscher