Le Paradiz’en, un jardin inspiré du pays du Soleil levant à deux pas de Bellegarde. C’est le cadre idéal pour présenter un reportage qui nous emmènera au Japon, à la période où l’on célèbre la floraison des Sakura, les cerisiers, arbres fétiches des Japonais. Il n’y a pas besoin d’aller si loin pour avoir l’impression d’être au bout du monde : exemple avec un reportage qui nous plongera dans la Suisse de nos ancêtres, le Muotatal, une vallée reculée dans le canton de Schwytz.
Muotatal, un monde à part
Une vallée reculée au coeur de la Suisse primitive. Des chants remontant au Moyen-Age. Des gestes lents, transmis depuis des siècles. Au Muotatal, dans le canton de Schwytz, on s’autorise à vivre à son rythme. Joseph, avec sa barbe d’un autre âge, passe l’hiver à sculpter inlassablement le bois. Quant à Daniel, entre deux traites, il s’accompagne d’un tracteur poussif pour répéter des jodels aussi vieux que les alpages. Une ode à la tranquillité de vivre dans la Suisse de nos ancêtres.
Joseph Betschart, célibataire de 75 ans, n’a jamais quitté sa vallée natale, sauf pour faire son service militaire. Ici, perché au-dessus du village de Muotatal, il parle pourtant un langage universel. Sur une planche, de ses mains nouées par l’arthrite, il a gravé les mots: "Davantage de fleurs, tant que nous vivons. Sur les tombes, à plus rien ne serviront!".
Daniel Schmiedig, paysan de 34 ans au tracteur d’un autre âge, a volontairement renoncé à agrandir son exploitation. "A quoi bon poursuivre des buts juste pour répondre à la pression des autres?". Ce qui compte pour lui, c’est d’élever paisiblement ses enfants, de préserver les chants transmis par son père et de continuer à habiter la maison des ancêtres.
Il suffit du reste de se plonger dans cette vallée schwytzoise de 3500 habitants pour comprendre l’origine du mot "Nostalgie", cette "maladie des Suisses", comme on l’appelait encore au 17e siècle. Elle désignait, chez les mercenaires, une forme de dépression causée par l’éloignement de chez soi. Daniel, entre deux volutes de fumée, affirme comprendre très bien ce mal pas si ancien que ça.
Le visiteur d’un jour non plus ne sort pas indemne d’une visite au Muotatal. Car dans l’attitude de simplicité volontaire des paysans Joseph et Daniel, il y a un message qui touche au cœur de l’homme pressé. Un film au cœur d’un monde qui bat au ralenti.
Reportage de Raphaël Engel
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Sakura, fleurs de vie
Au Japon, "sakura" désigne les cerisiers ornementaux ainsi que leurs fleurs. Symbole de beauté éphémère, le sakura est lié à l’éthique samouraï qui considère que la vie est belle mais courte.
Plus qu’un arbre, le sakura est synonyme de renaissance, de vie et d’espoir. Après le tsunami et la catastrophe nucléaire qui ont détruit une grande partie de la préfecture de Fukushima, l’image du sakura est encore plus présente dans le coeur des japonais.
Dès les premiers jours du printemps, Ils se précipitent sous les branches des cerisiers pour célébrer la floraison. Du sud au nord de l’archipel, les "hanami", ces fêtes sous les cerisiers rythment le mois d’avril.
La floraison des cerisiers a souvent inspiré les artistes. On retrouve le sakura dans la littérature, la peinture, la bande-dessinée, la photographie, la musique et dans la plupart des arts traditionnels japonais.
A travers différents regards entre Tokyo, Kyoto et Fukushima, l’équipe de Paju est partie à la rencontre des fleurs de vie. Un voyage printanier exclusif au pays du soleil levant.
Un reportage de Romain Guélat
Le Paradiz’en
Ici, les arbres sont taillés en nuages, à la manière des Niwaki, les collines se dessinent comme dans un monde en miniature, tandis que les carpes Koï bullent dans les bassins. L’illusion est parfaite. L’espace de quelques instants, il est facile d’oublier où nous sommes. Seule la proximité des montagnes nous le rappelle, ça n’est pas l’autre bout du monde, Genève n’est qu’à trente minutes de là.