Pêcheur d’images
Dans la campagne genevoise, il n’y a pas un buisson, une haie ou un carré de vigne que José Vila ne connaisse comme sa poche. C’est dans ces biotopes, souvent coincés entre deux routes, qu’il passe le reste de ses journées, après son travail. Une manière d’être dehors, au cœur de la nature pour en photographier les merveilles. En sortent des images dont la beauté fragile et sensible rappellent ce que José ne sait que trop bien: ces biotopes sont menacés.
Longtemps, José a parcouru le monde avec une obsession: pêcher la truite rare. Amoureux du Doubs, il va cependant troquer la canne pour un appareil photo le jour où il se rend compte que sa rivière se meurt. Se lancer dans la photo devient une manière de "rester dehors", en contact étroit avec cette nature dont il a besoin depuis ses plus jeunes années. 
Employé à plein temps, il ne lui reste de ses journées que l’aube et les fins d’après-midi pour faire de la photo. Il fait de ce handicap un atout et un style. Dans la campagne genevoise, entre deux routes, au détour d’une friche, José cherche une ouverture, saisit ses sujets au vol ou parfois détermine l’endroit où il souhaite que l’animal se pose, et attend. Parfois des semaines…
De cette patience, naissent des compositions uniques, qui donnent de la nature et du sujet qui s’y trouve une touche émouvante et fragile, souvent plus proche de l’aquarelle ou de la peinture japonaises que de la photo descriptive. Des images souvent mystérieuses qui apprennent à voir la beauté là où elle se trouve, où qu’elle se trouve.
 
Pourtant, après avoir posé la canne, ce roi de la pêche à la mouche et amoureux du flamenco pense relâcher un peu sa prise sur la caméra, pour se rapprocher encore un peu plus de mère nature. Avec sa tente de camping, il part écouter le " non bruit de la nuit" là où la nature reprend sa place, le temps que les hommes dorment et que la nuit soit.
 
Un reportage d'Antoine Plantevin et Raphaël Engel