Secrets de tavillonneurs
Tavillons et bardeaux : une technique ancestrale de couvertures en bois qui habille encore aujourd’hui nos plus beaux édifices de montagne, un patrimoine architectural d’exception construit au fil des siècles. Du choix de l’arbre à la pose du tavillon, en passant par sa fabrication, nous vous invitons à rencontrer Olivier Veuve, Léon Doutaz et Vincent Gachet. Portrait de trois maîtres tavillonneurs engagés à perpétuer ce savoir-faire et à façonner le caractère de nos paysages de montagne.
Être tavillonneur, c’est avant tout une passion, un véritable mode de vie. Qu’ils soient à l’origine ébénistes, charpentiers, bûcherons, bergers ou paysans, ils partagent tous l’amour du bois. On les appelle parfois "les marins des montagnes", car les chantiers se trouvent souvent dans des alpages difficiles d’accès et nécessitent de loger sur place durant de longues périodes. Si, durant la belle saison, les tavillonneurs sont occupés sur les chantiers, à l’automne, il faut choisir son bois en forêts. En général, il s’agit d’épicéas, des plantes qui "filent droit", aux qualités proches du bois de lutherie. Durant l’hiver, le tavillonneur, souvent aidé par des proches, s’active à la fabrication de ces milliers de tavillons, tous fendus à la main, sans aucune machine, comme dans l’ancien temps.
Si l’on trouve du bardeau, ou de l’anseille, comme on l’appelle en Suisse, un peu partout dans le monde, les tavillons, eux, sont une spécificité tout helvétique, voire romande. Ils ont failli disparaître dans les années 70 au profit de couvertures en tôle ou en Eternit. Aujourd’hui, les tavillonneurs romands sont réunis en association sur le principe des compagnonnages et viennent d’ailleurs d’éditer une charte de bienfacture des couvertures en bois.
À noter enfin que la Confédération vient d’augmenter le montant des subventions accordées aux propriétaires désireux de faire restaurer ou de construire un bâtiment en tavillon par un des maîtres tavillonneurs, membre de l’association romande.
Un reportage de Pascal Magnin