Léonard Pictet

Cher Monsieur Servet, Je voudrais connaître votre avis sur les effets de la commercialisation de la microfinance et sa capacité à atteindre les plus pauvres. Pensez vous que nous nous dirigeons vers une microfinance trop sélective, à deux vitesses? Les nouvelles législations (MDI Act en Ouganda par exemple) favorisent-elles les banques commerciales au détriment des plus petites? Merci pour votre travail que je suis avec grand intérêt, salutations Léonard Pictet

 

Réponse

 

Votre question (et peut être inquiétude) est tout à fait pertinente car de façon de plus en plus marquée, de nombreuses institutions de microfinance abandonnent l'affichage "lutte contre la pauvreté" pour se consacrer à la lutte contre l'exclusion financière.

Mais cela me parait un ciblage tout à fait pertinent et honnête. Si l'on entend par "commercialisation" le fait que le statut des institutions change pour aller de l'associatif au statut bancaire, il faut remarquer que ceci a l'avantage pour les institutions de pouvoir offrir des services autres que le crédit (ils sont en général interdit aux associations), tels que l'épargne, les transferts, l'assurance.

Or, ces services répondent mieux au besoin des plus pauvres.

Pour ce qui est des effets limités en matière de lutte contre la pauvreté, je le présente dans

2009 « Quelques limites du microcrédit comme levier du développement », Problèmes économiques, n°2964, 4 février, p. 39-44

La lutte contre la pauvreté suppose sans doute d'autres moyens (accès à l'eau potable, éducation, santé, transport, etc.) et surtout une lutte contre les discriminations sociales qui produisent la pauvreté.

merci pour l'intérêt

meilleures pensées

jms