6000 langues parlées: quel avenir pour le français?
L'émission du 29 novembre 2014
À la question de savoir quelle est la langue la plus parlée dans le monde, la réponse est: le chinois mandarin. Avec un peu plus d'un milliard de locuteurs natifs, le chinois devance de loin l'anglais qui pointe en deuxième position. Quant au français, avec 274 millions de locuteurs, il arrive au cinquième rang de ce classement.
Il est par contre deuxième au palmarès des langues les plus influentes où l'anglais arrive naturellement premier. Enfin, si on regarde vers l'avenir, on réalise que le français progresse rapidement. Les prévisions pour 2050 oscillent autour des 700 millions de personnes utilisant le français. Une hypothèse qui s'explique notamment par l'accroissement de la population en Afrique francophone.
Et c'est justement vers l'Afrique que se tourne l'Organisation internationale de la Francophonie à l'occasion de son XVe Sommet qui se tient à Dakar les 29 et 30 novembre 2014. Quel est l'avenir du français? Qu'en est-il des 6000 autres langues parlées dans le monde? L'avenir réside-t-il dans le multilinguisme? Le décryptage de Geopolitis.
L'invité: François Grin, professeur d'économie à la faculté de traduction et d'interprétation, UNIGE et coordinateur du projet MIME de la Commission européenne.
Alors que se tient à Dakar le XVe Sommet de la francophonie, l'occasion est donnée de faire le point sur l'état du français dans le monde. C'est une des missions que s'est fixé l'Organisation internationale de la francophonie au travers de l'observatoire de la langue française qui, en cette année 2014 a publié le rapport sur la langue française dont les principaux faits et chiffres sont exposés dans la vidéo ci-dessous.
Quarante-quatre secondes pour donner le ton de ce XVe sommet dont le thème est : Femmes et jeunes en francophonie: vecteurs de paix, acteurs de développement.
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Contre-sommet de la francophonie
A l'initiative du Front National du Salut Public s'organise au Sénégal un contre-sommet de la francophonie. Avec pour slogan "La francophonie c'est le colonialisme", ce mouvement organise des événements en marge du sommet organisé par l'OIF. Découvrez ci-dessous l'intervention du commissaire Cheikna Keïta, ancien patron de l'Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants. Il y distille sa critique de la francophonie et de la classe politique sénégalaise. (6 min 14 sec)
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En plus...
L'invité
Après un doctorat en économie à l’Université de Genève, François Grin a enseigné à l’Université de Montréal et à l’Université du Washington (Seattle), et a assuré pendant trois ans la vice-direction du European Centre for Minority Issues (ECMI) à Flensburg (Allemagne), puis pendant cinq ans celle du Service de la recherche en éducation du Canton de Genève. Il est actuellement professeur ordinaire d’économie à la Faculté de traduction et d’interprétation (FTI) de l’Université de Genève et professeur invité à l’Université de la Suisse italienne.
François Grin s’est spécialisé en économie des langues, en économie de l’éducation et en évaluation des politiques publiques dans ces domaines. Il est l’auteur de nombreuses publications et a réalisé des projets de recherche pour divers organismes scientifiques, organisations non-gouvernementales et organisations internationales). Il conseille des autorités nationales ou régionales en matière de politique linguistique et éducative. Il dirige actuellement le projet MIME (Mobilité et inclusion dans le multilinguisme européen"), financé par la Commission européenne, et qui rassemble 22 universités dans 16 pays.
Il est président de la Délégation à la langue française (DLF) de Suisse romande, membre du Conseil scientifique de l’Agence universitaire de la francophonie (AUF), et chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres.
C’est à l’Afrique que la francophonie doit son existence. Pensée d’abord par Léopold Sédar Senghor et Bourguiba, l’idée de réunir les pays francophones dans une communauté de langue a connu un rapide écho en France, sous l’impulsion du Général de Gaulle et de son ministre de la culture, André Malraux. Les liens entre la France et les pays où le français s’exprime n’est pas seulement une réponse au modèle anglo-saxon, c’est aussi une manière d’agir politiquement. Paroles aux pionniers de la francophonie.
Naissance d'une institution
Au Niger, à Niamey, en mars 1970, la francophonie a trouvé sa forme concrète, par la création de l'agence pour la francophonie. Le 20 mars, les représentants de 21 Etats et gouvernements signèrent la Convention portant sur la création de l'Agence de coopération culturelle et technique fondée autour du partage d'une langue commune, le français.
Au printemps 1989, s'est tenu à Dakar, Sénégal, le IIIe sommet de la francophonie, le premier sur terre africaine. La France et le Canada y ont annoncé l'effacement de la dette de 35 pays parmi les plus pauvres. Le commentaire sur des images du sommet avec le président du Sénégal Abdou Diouf alterne avec les extraits des interventions de Brian Mulroney, premier Ministre canadien, et de François Mitterrand.
En janvier 1963, l'équipe de "Continents sans visa" est au Sénégal. Le pays est confronté aux changements imposés par son président, Léopold Sédar Senghor, qui tente d'ouvrir la voie à une nouvelle pratique du socialisme, adapté à la tradition de l'Afrique noire. En 1951, le parti qu’il créa, le Bloc démocratique sénégalais (BDS) remporta les élections législatives. Léopold Senghor fut élu à la présidence en 1960 et réélu à quatre reprises.
En septembre 1963, le magazine littéraire "Préfaces" de la RTS se livre à une double interview d’Aimé Césaire et de Léopold Sédar Senghor. Bien que de sensibilité politique différente, les deux hommes se sont engagés, l’un apparenté au parti communiste -Aimé Césaire prendra ses distances avec le PC en 1956- l’autre devenant président de la République du Sénégal. Ils s’expriment ici sur les raisons de leur combat politique et sur les influences à l’origine de leur œuvre.
Le 23 juillet 1965, Léopold Sédar Senghor rencontre Charles de Gaulle à l’Elysée. Dans ce document, le président sénégalais livre aux journalistes ses impressions après son entretien. La question de l’Afrique francophone a notamment été abordée. Senghor a toujours considéré que c’est lors de la Conférence de Brazzaville en 1944 que le Général de Gaulle lança véritablement la perspective de la francophonie.
Juin 1979, Aimé Césaire est l’invité Claude Torracinta dans l’émission "Destins" de la TSR. Dans ce large extrait, il revient sur la question du lien entre la langue et la politique, particulièrement vif pour lui. Descendant d’anciens esclaves, il puisa dans le surréalisme et dans la lutte politique les éléments nécessaires à l’expression de son besoin d’affranchissement et de justice.