Polluants : certaines molécules imitent les hormones et trompent notre organisme.

Baisse de la fertilité masculine: des polluants chimiques qui imitent les hormones en cause. Enquête sur les imposteurs endocriniens

L'émission du 11 mai 2004

Le vingtième siècle industriel nous a laissé un sale héritage qui va nous empoisonner longtemps. Avant les années 90, on ne s'intéressait qu'à la toxicité mesurable des polluants.

Aujourd'hui surgit une très gosse inquiétude à propos des effets
de ces polluants à des doses infinitésimales. Certaines molécules
imitent les hormones et trompent notre organisme. Les messages que
nos cellules s'envoient continuellement les unes aux autres sont
perturbés par ces substances baptisées perturbateurs endocriniens
ou mieux: imposteurs endocriniens. Tant que ces troubles n'étaient
constatés que chez les animaux, on ne s'est pas trop inquiété. Mais
l'homme est un mammifère. Un mammifère dont le nombre et la qualité
des spermatozoïdes est en chute libre.




L'Occident post-industriel n'a pas fini de payer la légèreté avec
laquelle il a laissé son environnement se dégrader. En apparence,
les choses vont mieux, seulement en apparence. On a fini par
empêcher toutes les usines de se servir des cours d'eaux comme
dépotoir, on a bâti des stations d'épuration, on pense recyclage et
récupération. Les écologistes ont quelques représentants dans la
caste politique. Surtout, on commence enfin à faire le lien entre
des phénomènes étranges rapportés depuis les années 50 par des
scientifiques et des écologistes que personne n'a vraiment écoutés.
Oiseaux pêcheurs aux malformations grotesques, naissant sans yeux,
adultes qui abandonnent les nids, qui boudent la parade nuptiale,
colonies décimées sans explication. Visons qui deviennent stériles,
alligators au pénis atrophié, hécatombes mystérieuses de phoques ou
de dauphins, mollusques et poissons qui changent de sexe. La liste
est longue.




En Suisse aussi, il existe des affaires non élucidées: la loutre,
qui a longtemps disputé le poisson aux pêcheurs, a connu de tels
problèmes de reproduction qu'elle a fini par disparaître des
rivières. Depuis, pour en voir, il faut aller au zoo. Tous ces
animaux ont un point commun: ils se nourrissent de poissons. Ils
sont, comme l'homme, en bout de chaîne alimentaire. L'hypothèse,
c'est que ces poissons accumulent des imposteurs endocriniens dans
leur organisme, ce qui affecte leur reproduction et parfois aussi
celle des animaux à qui ils servent de nourriture. A propos de
poissons, ceux du lac de Thoune, dans le canton de Berne, laissent
les spécialistes et les pêcheurs perplexes. A l'Office fédéral de
l'environnement, cela fait longtemps que Georg Karlaganis et ses
collègues tentent de porter l'inquiétant problème des imposteurs
endocriniens sur la place publique.

Baisse de la fertilité masculine: des polluants chimiques qui imitent les hormones en cause. Enquête sur les imposteurs endocriniens Il nous explique : « Ce qui
m'inquiète ce sont ces déformations dont on ne connaît pas la
cause. Il y a plusieurs hypothèses, mais on ne sait vraiment pas la
raison et on est toujours en train de chercher. Il y a un groupe de
travail sous l'égide du canton de Berne avec notre Office et le
Département de la défense. On est en train de trouver la
vérité.
»




Si le département militaire est concerné, c'est que ce lac a servi
de dépotoir à l'armée après la seconde guerre mondiale. La décharge
sous-marine sauvage contient notamment du TNT et des munitions qui
laissent peut-être fuir du trinitol ou d'autres substances dans
l'eau, à moins que la pollution ne provienne des travaux du
percement des tunnels alpins et des résidus de dynamitage. La
construction des tunnels a commencé en 1999 et les premières
anomalies sexuelles de poissons ont été constatées en 2000. Les
substances incriminées appartiennent à des groupes chimiques variés
et il ne va pas être simple de déterminer leurs effets subtils à
faible dose. De plus, la recherche prend du temps alors que,
parallèlement, la cadence avec laquelle de nouvelles substances
sont commercialisées est vertigineuse.




Georg Karlaganis nous explique : « Sur le marché, il y a 100
000 substances et 3000 sont vendues en grande quantité. Chaque
année, il y a entre 200 et 300 nouvelles substances en Europe et
environ 50 sont notifiées chez nous, en Suisse, car il y a une
grande industrie chimique.
»




Une des caractéristiques de ces substances, c'est d'être
extrêmement volatiles, de se condenser et d'être évaporées
continuellement. Elles sont transportées par les courants marins ou
aériens et se répandent sur la planète entière. L'autre
caractéristique, c'est qu'elles ne sont pas bio dégradables.
Certaines ne seront jamais éliminées, on les appelle polluants
organiques persistants ou POP. Leur réduction et leur élimination à
l'échelle mondiale est devenue une priorité reconnue par le
Programme environnemental des Nations Unies.

D'où viennent ces imposteurs endocriniens ?


Baisse de la fertilité masculine: des polluants chimiques qui imitent les hormones en cause. Enquête sur les imposteurs endocriniens Le problème, c'est qu'il y en a
beaucoup, partout, et que les phénomènes de perturbation hormonale
et les changements cellulaires nocifs pour la santé se produisent à
des doses extrêmement faibles. Actuellement, environ 70 imposteurs
endocriniens ont été identifiés. Il s'agit de pesticides utilisés
dans les cultures et les jardins privés ; de produits chimiques
comme les solvants chlorés, les décapants, les vernis, les produits
d'entretien ; de résidus industriels comme les dioxines et les
furanes dégagés notamment lors de l'incinération des déchets ; de
métaux lourds comme le plomb ou le cadmium présents notamment dans
les batteries de voiture, l'essence, le mazout ; de phtalates, une
famille de substance qui sert à assouplir les plastiques ou à les
rendre plus transparents ; et enfin, de filtres UV utilisés
notamment dans les produits d'hygiène corporelle, les cosmétiques
et les crèmes solaires.




Ces familles de polluants finissent par se retrouver dans l'eau et
même les stations d'épuration les plus modernes ne sont pas dotées
de filtres spécifiques pour piéger les perturbateurs endocriniens.
Une partie est sans doute retenue dans les boues d'épuration, mais
de loin pas tout. Ces substances repartent dans l'eau et entrent
dans la chaîne alimentaire. Les micro organismes sont les premiers
à les concentrer, puis les petits poissons qui s'en nourrissent,
avant de servir de dîner à de plus gros poissons et ainsi de suite.
Ces polluants se concentrent dans la graisse des organismes et,
plus on grimpe dans la chaîne alimentaire, plus on en trouve. On
connaît bien ce mécanisme avec les PCB, les biphényls polychlorés.
Utilisés dans les transformateurs électriques, mais aussi comme
additifs pour peintures, isolants ignifuges pour le bois et le
plastique, ils ont été interdits, mais se trouvent toujours dans
les sites d'enfouissement, les décharges de produits toxiques et
les sédiments. Les études scientifiques ainsi que les tests d'ABE
sur le saumon et, la semaine dernière, sur l'huile de poisson,
l'ont bien montré: on en retrouve dans la matière grasse des
animaux marins, puis dans l'organisme humain. Plusieurs études ont
mis des PCB et des dioxines en évidence dans le lait maternel. La
plupart du temps à des doses inférieures aux normes admises, mais
ces doses parlent du seuil de toxicité, pas des effets hormonaux,
difficiles à mesurer. La loutre a probablement disparu à cause des
PCB.




Chez l'être humain aussi, ces substances peuvent provoquer des
troubles du développement dans le ventre de la mère, une diminution
de la fertilité, une augmentation des cancers du sein, des
testicules et de la prostate. Les perturbateurs endocriniens
peuvent interférer de deux manières: en imitant l'action d'une
hormone et en s'arrimant à ses récepteurs qui se trouvent à la
surface de nos cellules, ou alors, en perturbant le transport, la
dégradation et l'élimination des hormones dans notre organisme. En
imitant les oestrogènes, ces substances perturbent le développement
des organes génitaux masculins et la formation de spermatozoïdes.
Face à cette menace, le Conseil fédéral a financé toute une série
de recherches menées par différentes équipes sous l'égide du Fond
national de la recherche scientifique.

La qualité des spermatozoïdes en danger


Baisse de la fertilité masculine: des polluants chimiques qui imitent les hormones en cause. Enquête sur les imposteurs endocriniens Marc Germond, c'est l'homme
providentiel des couples stériles, responsable de l'unité de
médecine de la reproduction au département de gynécologie
obstétrique du CHUV, il est bien placé pour observer la baisse de
la quantité et de la qualité des spermatozoïdes qui frappe les
hommes partout dans le monde, y compris en Suisse.




Il nous explique : « Actuellement, je ne crois pas que l'on
puisse affirmer qu'il y ait une diminution de la fertilité
masculine. Les gens continuent à avoir des enfants, mais l'on a
surtout des possibilités de traitement qui vont beaucoup plus loin
qu'auparavant. Par contre, ce que l'on a constaté, c'est une
diminution énorme du nombre de spermatozoïdes par millilitres. Les
normes de l'OMS ont montré une diminution de 40 à 20 millions en
nombre, ce qui est absolument énorme, en une vingtaine d'années. Et
cela va probablement continuer à diminuer.
»




Parallèlement, le nombre de malformations des organes génitaux et
de cancers du testicule augmente de manière inquiétante. Pour des
raisons mystérieuses, le Danemark, par exemple, est beaucoup plus
touché que la Finlande voisine. Les populations, le style de vie,
tout est pourtant comparable entre les deux pays. Existe-t-il de
telles différences à l'échelle du territoire helvétique?




Le but de Marc Germond et de son équipe est de répondre à cette
question: « La Suisse a l'avantage d'être extrêmement
différente de région en région sur le plan géographique. On a des
régions granitiques, des régions calcaires, des régions de plaine,
de montagne, il y a beaucoup d'eau partout, les industries sont
localisées à certains endroits plutôt qu'à d'autres. Donc il est
clair qu'en imaginant remonter chez le petit garçon et plus loin
encore chez sa mère et en l'interrogeant sur l'endroit où elle l'a
porté, on pourrait imaginer trouver des différences d'une région à
l'autre.
»

Baisse de la fertilité masculine: des polluants chimiques qui imitent les hormones en cause. Enquête sur les imposteurs endocriniens On pourra peut-être même faire le
lien entre certaines pollutions et les conséquences sur les jeunes
hommes 20 ou 30 ans plus tard. Pour cette étude, il va falloir
réunir 3000 volontaires de toutes les régions du pays. Pendant deux
ans, des échantillons de sperme seront récoltés. Les analyses
pourront être faites à distance grâce à un système mis au point par
le biologiste Alfred Senn responsable du laboratoire de l'unité de
reproduction et qui participe à cette recherche. Il nous l'explique
: « On regarde, d'une part, la présence de spermatozoïdes, leur
nombre, leur concentration. On regarde comment ces spermatozoïdes
bougent, à quelle vitesse ils bougent et on regarde également
l'aspect morphologique qu'ils ont. On stocke l'ensemble de ces
données informatiquement sur des disques durs que l'on peut par la
suite réutiliser et reanalyser. On voit d'énormes différences entre
un spermogramnme et un autre. On peut voir des malformations. Elles
se situent principalement au niveau de la tête et cela peut
évidemment diminuer considérablement les chances de pénétration du
spermatozoïde à l'intérieur de l'oeuf.
»




Ces problèmes de qualité du sperme menacent-ils la survie de
l'espèce?




Marc Germond nous répond : « Je ne pense pas que, pour
l'instant, on puisse l'affirmer. Mais les signes d'alarme qui sont
donnés par l'évidence, la constatation de la diminution du nombre
de spermatozoïdes ou l'augmentation des risques de malformations ne
peut pas nous laisser insensibles et l'on peut imaginer que, si l'o
n ne fait rien, il puisse y avoir un vrai risque.
»




On est très rassurés! On sait maintenant grâce à des chercheurs
japonais que l'on peut faire se reproduire deux souris femelles par
parthénogénèse. Si c'est possible avec ce mammifère, il y a des
chances pour que cela le soit un jour pour nous. La perspective
d'une humanité amputée de sa moitié masculine n'est pas très
réjouissante! Dans le cadre du programme national de recherche sur
les perturbateurs endocriniens, un volet important est consacré au
rôle des filtres UV. On en met partout car ils servent à stabiliser
les couleurs qui pâlissent au soleil. Tables et chaises en
plastique, rideaux de douche, bottes en caoutchouc, cuves à mazout,
etc. Mais aussi dans les cosmétiques, crèmes solaires en tête.

Les filtres UV sont-ils dangereux ?


Baisse de la fertilité masculine: des polluants chimiques qui imitent les hormones en cause. Enquête sur les imposteurs endocriniens Au plus fort de l'été, quand toute
la population d'une ville comme Genève ou Zurich, par exemple, se
rafraîchit dans l'eau du lac, ce sont plusieurs dizaines de litres
de crèmes solaires qui se retrouvent concentrés dans un bassin
restreint. Or, certains filtres UV sont maintenant connus pour se
comporter comme des oestrogènes ou des androgènes. Il y a 10 ans
environ, des chercheurs allemands ont trouvé des concentrations de
5 substances UV anormalement élevées dans les poissons. Ils ont
ensuite cherché et trouvé des traces de ces filtres UV dans le lait
maternel. C'est en apprenant ce fait choquant que Margret Schlump,f
du laboratoire de l'Institut de pharmacologie et de toxicologie de
l'université de Zurich, a décidé d'en donner à manger à des rats.
Elle a été la première à faire cette expérience et à observer les
conséquences sur leur comportement, leur sexualité et le
développement de leurs organes génitaux.




Elle nous fait part de ses constatations : « Nous avons
constaté que certaines substances ont des effets hormonaux actifs
dans des tests qui utilisent le modèle du système cellulaire ainsi
que dans des tests d'identification des rats dans l'utérus quand
ils ne sont pas encore entièrement formés. Nous avons découvert que
ce sont deux substances très actives et nous allons observer leurs
effets sur deux générations. Nous contaminons les adultes pendant
10 semaines et, après, ils s'accouplent et nous nous intéressons à
ce qui se passe ensuite chez les petits, car c'est la période de
gestation qui est la plus cruciale dans leur vie. Nous avons
découvert que le 4 methylbenzyliden camphre raccourcit la survie
des rats dans les plus hautes concentrations, qui ne sont à la base
pas très élevées. En effet, la quantité de substances mesurée dans
le tissu des rats était bien trop élevée, bien que la quantité
additionnée à la nourriture était minime. Nous avons aussi
constaté, par exemple, un retard de puberté chez les mâles. Avec le
4 methylbenzyliden camphre, on a constaté des différences de poids
des testicules chez les jeunes et également chez les adultes de 12
semaines. Différents organes, comme l'utérus et la prostate,
avaient des poids anormaux. Enfin, au niveau biomoléculaire,
l'expression de différents gênes était modifiée par rapport à ceux
des animaux de contrôle.
»




Les scientifiques se demandent si les écrans UV ont des effets
similaires chez les organismes aquatiques tels que les poissons et
les amphibiens. Pour répondre à cette question, Karl Fent, sa
doctorante Petra Kunz et toute l'équipe de ce laboratoire de la
Haute école professionnelle des deux Bâle ont mis sur pied des
tests in vitro et in vivo. Leur but est de mieux comprendre comment
les composés de ces crèmes solaires dérangent les actions des
hormones sexuelles et thyroïdiennes.




Pour les tests in vitro, on utilise des levures génétiquement
modifiées. Ces levures imitent ainsi un récepteur de l'œstrogène
humain.

Baisse de la fertilité masculine: des polluants chimiques qui imitent les hormones en cause. Enquête sur les imposteurs endocriniens Karl Fent : « A la suite de ce
qu'on a trouvé dans les poissons, on a décidé de chercher s'il y
avait des résidus de filtre UV dans le lait maternel et,
effectivement, on en a trouvé. On a fait des études dans lesquelles
on a soumis les poissons à de très grosses concentrations de filtre
UV. On a même injecté ces substances dans les poissons. A la suite
de quoi, on a montré des changements hormonaux qui ont conduit des
poissons mâles à produire des protéines femelles. C'est très
fréquent, avec des substances qui ont une activité hormonale
oestrogénique, que les jeunes mâles se féminisent. C'est anormal
que, chez des mâles, on assiste à une transformation des organes
sexuels et, pour finir, à leur atrophie. On sait que ce phénomène
se produit avec certaines substances chimiques et avec des
hormones, bien sûr, naturelles ou de synthèse, mais on craint que
la même chose ne se produise avec les filtres UV.
»




En tout, 28 substances sont autorisées en Suisse dans les crèmes
solaires, mais seules 19 ont été testées, car les autres ne sont
pas accessibles sur le marché librement et les industriels qui les
synthétisent n'ont pas voulu les fournir.




Le but de la recherche est de faire un classement de ces
substances avec un jugement sur les risques pour la santé et
l'environnement. Mais pour cela, il faudra encore attendre les
résultats des études sur les poissons et les amphibiens. Le poisson
zèbre est un bon modèle d'observation, car, de l'œuf à l'adulte, il
ne s'écoule que trois mois. On peut donc suivre plusieurs
générations en un temps minimum. On utilise ces poissons pour
mesurer la pollution oestrogénique de l'eau. Quand il ne naît plus
que des femelles, c'est qu'il y a un problème...




Ce qu'il faut comprendre, c'est que ces filtres UV ont peu
d'effets fulgurants, les poissons ne meurent qu'à partir d'un
milligramme par litre. On ne parle pas de toxicité immédiate, mais
bien d'effets hormonaux subtils. C'est une contamination chronique
qui a des effets à long terme. Les substances les plus actives
mises en évidences sont 10 000 à 100 000 fois inférieures à
l'estradiol humain. Le danger réside moins dans la dose que dans le
moment de l'exposition. L'embryon est particulièrement vulnérable à
un stade précis: celui du développement de ses organes sexuels. Si
des imposteurs endocriniens interfèrent à ce moment crucial, il
peut se produire des anomalies. Dans les cas graves, elles sont
visibles dès la naissance, sinon elles passeront inaperçues jusqu'à
l'âge de procréer. Bien que ces informations soient effrayantes, le
risque de cancer de la peau est plus important que le risque lié à
ces substances. Il faut se protéger et, pour cela, on peut choisir
des crèmes solaires sans filtres chimiques. Nous avons sorti la
loupe et lu les étiquettes pour vous.

Quelle crème solaire choisir ?


Celui qu'il faut apprendre à repérer, c'est le 4
methylbenzyliden camphre. C'est l'un des filtres testés sur les
rats. Il peut aussi figurer sous l'abréviation 4-MBC. Les autorités
allemandes recommandent son abandon en attendant une interdiction
européenne. Nous en avons trouvé dans toutes ces marques.
L'échantillon n'est pas exhaustif, le marché étant tellement
vaste.

Crèmes contenant des perturbateurs endocriniens très actifs. Ces marques contiennent du 4-MBC.
Certaines marques comme Nivea, Avène et Sherpa Tensing ont
d'ailleurs déjà renoncé à cette substance connue pour ses effets
hormonaux.

Crèmes contenant des perturbateurs endocriniens actifs. Pas de 4 methylbenzyliden camphre dans
ce deuxième groupe, en revanche, ces produits solaires contiennent
tous au moins une substance connue pour avoir une activité
oestrogénique. Si vous avez le courage de vous armer d'une loupe,
la liste de ces substances et leurs principaux synonymes :




- Benzophenon-3




- Benzophenon-4




- Homosalates (HMS)




- 3-Bezyliden camphor (3-BC)




- Octyl Dimethyl PABA




- Octyl Methoxycinnamate (OMC)

Crèmes aux filtres UV inconnus. Dans
ce troisième groupe de marques, nous n'avons pas identifié de
filtre UV actuellement connu pour être un perturbateur
endocrinien.

Crèmes sans filtre chimique. Le
mieux pour appliquer le principe de précaution, c'est d'opter pour
des crèmes solaires qui ne contiennent aucun filtre chimique. Il en
existe peu pour l'instant, car certaines laissent parfois un petit
film blanc sur la peau que les consommateurs n'aiment pas. C'est
pourtant un petit inconvénient pour un gros avantage: les crèmes de
ce groupe protègent du soleil au moyen de filtres organiques
inertes, il s'agit d'oxyde de zinc et dioxyde de titane.

Attention, le risque no 1, c'est le cancer de la peau, il faut
se protéger. Le conseil, c'est de le faire de manière alternative:
choisir des crèmes solaires sans filtre chimique, limiter les
surfaces à enduire en se baignant avec des habits, il en existe
même prévu pour et anti UV, notamment pour les enfants, et
s'abriter du soleil direct.

Attention aux emballages en plastique


Baisse de la fertilité masculine: des polluants chimiques qui imitent les hormones en cause. Enquête sur les imposteurs endocriniens Ces philtres UV chimiques ont été
interdits dans les rouges à lèvres, mais on en trouve encore. Le
mieux est de lire attentivement la composition. Il y a une autre
source de perturbateurs endocriniens que l'on pourrait supprimer en
adoptant de meilleures pratiques au niveau industriel: ce sont les
phtalates. Il s'agit d'une famille de substances chimiques très
utilisées notamment pour assouplir les articles en PVC. On en
trouve dans les bottes, les imperméables, les rideaux de douche, le
matériel médical, etc. On en trouve aussi dans les produits de
beauté, les vernis à ongle, les parfums, et aussi énormément dans
les emballages et les sacs en plastique. Les phtalates servent
aussi à renforcer l'effet des adhésifs et la tenue des pigments
dans la peinture ou dans d'autres matériaux. Les phtalates ont été
interdits en 1999 dans les articles de puériculture et les jouets
pour enfants, étant donné qu'ils les portent souvent à la bouche.
Ils le sont aussi dans les emballages directement en contact avec
des aliments.




Pourtant, le laboratoire en a trouvé dans absolument tous les
emballages que nous lui avons soumis, sans exception. Le taux le
plus faible mesuré est de 0,19 milligrammes de phtalates par kilo
d'emballage jusqu'à 34 milligrammes par kilo.




Ces phtalates peuvent aussi provenir de l'encre ou de la colle de
l'étiquette. Il se peut aussi que la matière première qui sert à
l'élaboration du plastique soit contaminée, ce qui expliquerait ces
résultats en dépit de l'interdiction. On soupçonne ces phtalates
d'avoir des effets hormonaux chez l'homme et on sait qu'ils peuvent
migrer depuis le plastique jusque dans les aliments. C'est pour
cette raison qu'ils sont interdits dans la composition des films
alimentaires, des sacs de congélation et, d'une manière générale,
dans les emballages rigides ou souples utilisés dans
l'alimentation.




Ce test prouve que les fabricants, sommés d'utiliser des
substances moins nocives, sont incapables d'appliquer la loi, soit
par mauvaise volonté, soit parce que la pollution de
l'environnement par les phtalates est telle que les normes
deviennent inapplicables. Quoi qu'il en soit, ça fait peur.




En Allemagne, un programme de recyclage oblige les manufacturiers
à payer pour la récupération et l'élimination des déchets
d'emballage. Le résultat est spectaculaire: une baisse de la
production de 13% en 10 ans alors que, parallèlement, la
consommation d'emballages a augmenté de 15% aux Etats-Unis. Tout
est une question de volonté politique.

Les conseils d'ABE...


Baisse de la fertilité masculine: des polluants chimiques qui imitent les hormones en cause. Enquête sur les imposteurs endocriniens En résumé, s'il est impossible
d'échapper totalement aux perturbateurs endocriniens, les pouvoirs
publics peuvent au moins prendre des mesures pour limiter
l'exposition des populations. A notre niveau, comme consommateurs,
on peut aussi faire des choix.




Voici quelques conseils:




Les enfants, les ados et les femmes en âge de procréer devraient
limiter la consommation de poissons gras provenant de régions très
contaminées comme la mer baltique et ceux issus d'élevage ainsi que
la graisse animale. Dans la chaîne alimentaire, c'est la
destination finale des produits chimiques. Avec la viande et le
fromage, ce sont les principales sources de contamination humaine
par la dioxine.




Soutenir l'agriculture biologique est un moyen de préserver l'eau
et l'environnement.




Minimisez les contacts entre aliments et plastiques. Ne les
chauffez pas dans des récipients ni dans des emballages en
plastique, en particulier au micro-ondes. Même si le mode d'emploi
indique que c'est fait pour, mettez les aliments dans une assiette,
en attendant que les fabricants démontrent l'innocuité de ces
barquettes.




Ne chauffez pas les biberons en plastique au bain marie ni au
micro-ondes. Préférez ceux en verre et n'y mettez jamais la
tétine.




Bannissez les pesticides de la maison et du jardin. Si votre
voisin est un obsédé du gazon anglais, fuyiez avec vos enfants
quand il traite. On répand proportionnellement plus de pesticides
dans les golfs, les jardins et potagers privés que sur les
cultures!




Limitez les insecticides dans la maison. Attention aux diffuseurs
dans la chambre des petits enfants. Ici, pas de risque de malaria,
une piqûre de moustique n'est pas grave. En revanche, ces produits
ne sont pas testés sur le plan toxicologique. On ne sait rien de
leurs effets hormonaux.




Un bon moyen de choisir cosmétiques et produits d'hygiène, c'est
de viser la composition la plus courte. Moins il y a des substances
différentes, moins vous en avez sur la peau et moins vous en
expédiez dans le circuit d'eau potable.




La plupart de ces perturbateurs endocriniens sont dans
l'environnement de manière durable et il va falloir faire avec. On
ne peut pas s'arrêter de boire ou de respirer. En revanche, on
pourrait interdire leur production immédiatement. Mais pour cela,
il faut prouver leurs effets. Malheureusement, la charge de la
preuve n'appartient pas aux industriels qui commercialisent ces
substances. Il faut des études financées par des fonds publics pour
faire la démonstration de leur nocivité avant d'obtenir leur
interdiction.




Mais si les produits chimiques persistants sont les principaux
responsables de la baisse du nombre de spermatozoïdes et si des
mesures sont prises immédiatement, cette tendance devrait
s'inverser à l'avenir.

D'étranges malformations...

D'étranges malformations...

D'où viennent ces imposteurs endocriniens?

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La qualité des spermatozoïdes en danger

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Les filtres UV sont-ils dangereux?

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Quelle crème solaire choisir?

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Attention aux emballages en plastique

Attention aux emballages en plastique

Les conseils d'ABE

Les conseils d'ABE