Le CHUV de Lausanne publie un premier rapport sur les conséquences des accidents de trottinettes.
Selon la loi, la trottinette est toujours considérée comme un
jouet alors qu'en fait, c'est devenu un moyen citadin de se
déplacer vite et sans polluer. Mais ce nouvel accessoire de
mobilité urbaine pourrait être mieux conçu, plus pratique et
surtout beaucoup plus sûr. Aujourd'hui, on dispose de suffisamment
de recul pour faire l'inventaire de ses risques et de ses
défauts.
Lausanne, ville en pente
La trottinette fait désormais partie de la panoplie obligatoire
des moins de 13 ans. Face à l'ampleur du phénomène, la police
municipale de Lausanne mène, depuis mars, une campagne de
prévention adressée à tous les écoliers de 6 à 16 ans. C'est une
politique d'intervention qui se veut avant tout préventive et
éducative, selon Daniel Ducry, adjudant, responsable de la Brigade
de prévention routière à la Police de Lausanne. "Lorsque nous
constatons qu'il y a une gène en relation avec la sécurité, nous
procédons à une interpellation. Ces personnes reçoivent par la
suite une lettre d'avertissement, adressée aux parents s'il s'agit
d'une personne mineure."
D'ici les vacances, tous les écoliers lausannois devraient avoir
suivi un cours de sensibilisation et de prévention.
Etude européenne
Entre janvier 2000 et février 2001, les hôpitaux lausannois ont
recensé 156 cas d'accidents d'enfants liés à la trottinette. Ces
cas ont fait l'objet de la première étude jamais réalisée en Europe
sur les risques liés à cette pratique. Olivier Reinberg est
responsable des urgences chirurgicales d'enfants au CHUV. Il a été
frappé par le type de blessures occasionnées. "Il y a un nombre
très important de lésions de la face, des dents et du visage, par
rapport à d'autres pratiques ludiques ou sportives. Probablement
parce qu'il y a des problèmes de structure de la trottinette. La
roue avant bloque, les enfants passent par-dessus le guidon et
tombent sur le visage."
Certaines trottinettes sont conçues de manière plus sécuritaire
que d'autres. Prenons par exemple les roues. Les trottinettes ont
hérité des roues de rollers ou de skates, qui sont en général des
roues de 10 centimètres, avec des pneus étroits. Ces roues se
bloquent dans les bouches d'égouts, sur les bords de trottoirs, sur
les petits cailloux. Le docteur Reinberg est d'avis que "si
l'on avait une roue d'un plus grand diamètre, et il en existe déjà
pour des trottinettes pliables, de l'ordre de 18 à 20 cm de
diamètre, et un peu plus large, on éviterait une partie de cette
traumatologie par blocage de la roue avant." L'étude a en
outre recueilli le témoignage de certains utilisateurs qui
n'avaient pas pu freiner. Le système de pliage de la trottinette
est également une cause d'accident, de doigts coincés par
exemple.
Au départ, la trottinette a été conçue comme un jouet pour adultes
branchés. Dès l'instant où elle devient un véhicule employé
notamment par les enfants, autant opter pour un modèle un peu plus
sûr. En résumé : choisir un système de pliage simple, des roues
plus grandes et un véritable frein, dont le sabot évite que le pied
ne glisse. Ces modèles existent, mais leur prix est celui d'un
petit véhicule, et plus celui d'un jouet.
Pour l'instant il n'existe aucune norme de fabrication et de
sécurité minimum pour les trottinettes. Rien n'est prévu, ni dans
la législation suisse ni dans celle de l'Europe. Mais la Suisse est
le premier pays à tenter de légiférer sur toutes ces nouvelles
façons de se déplacer en ville que sont les rollers, les skates et
les trottinettes. L'idée, pour l'instant, est de leur trouver une
place dans le Code de la route et des trottoirs. Il conviendra de
bien réfléchir aux règles et dispositifs qui régiront la
cohabitation harmonieuse avec les piétons et le trafic. Dans les
centres urbains, saturés par les voitures et les deux roues
polluants, ces moyens de locomotion complémentaires des transports
publics sont, à coup sûr, des voies d'avenir à investiguer.