2017. A bon entendeur. Trafic de viande : ABE sur la piste des fraudeurs ! [RTS/CAPTURE D'ECRAN]

Trafic de viande: ABE sur la piste des fraudeurs!

L'émission du 9 mai 2017

La semaine dernière encore, les gardes-frontières ont saisi plus de 150 kilos de viande introduites en Suisse illégalement! C’est un trafic qui ne cesse de croître, et les butins interceptés par les douanes sont de plus en plus importants: des simples barquettes de steak aux quartiers de bœuf, la fraude de viande vers la Suisse a massivement augmenté ces dernières années. Les douanes ont annoncé une année record en 2016, avec 202 tonnes de viandes diverses interceptées, contre 90 tonnes en 2015. Dans la réalité, c’est sans doute bien plus de produits carnés qui passent en Suisse sans être déclarés. Attention: consommer ces viandes importées illégalement n’est pas toujours sans danger, les douaniers confisquent de plus en plus de produits avariés! ABE a pu suivre le travail des gardes-frontières sur la piste d’un trafic dont les acteurs sont de simples consommateurs mais aussi et, de plus en plus, des professionnels de la contrebande! La raison de ce trafic? Le prix de la viande qui est deux à trois fois moins élevé à l’étranger que chez nous. Pour quelles raisons la viande est-elle si chère en Suisse? Pour vous, ABE a également désossé la filière!

Haro sur les fraudeurs !

Plus de 43 kilos de viande confisqués en 90 minutes : c’est le bilan d’un contrôle surprise des gardes-frontière à l’ancienne douane de Mategnin près de Genève, une des douanes les plus fréquentées du canton. Depuis 2014, il est autorisé de traverser la frontière avec 1kg de produits carnés au maximum. Les fraudeurs sont passibles d’une amende et s’ils veulent amener leur viande en Suisse, ils doivent en plus payer des taxes. Dans les supermarchés français situés juste à côté de la frontière suisse, les prix sont effectivement beaucoup moins élevés qu’en Suisse : une entrecôte de bœuf peut ainsi être vendue deux à trois fois moins cher que dans notre pays. La viande passée illégalement en Suisse est destinée en général à un usage privé, mais les douaniers ont constaté une recrudescence de cas de trafic de viande au niveau commercial. Ces produits carnés sont d’ailleurs souvent transportés sans réfrigération et dans des conditions d’hygiène très mauvaises ce qui engendre des risques pour la santé des consommateurs. La section antifraude de l’Administration fédérale des douanes réalise des enquêtes pour tracer ces fraudeurs, parfois pendant plusieurs mois avant de les pincer.

Haro sur les fraudeurs ! [RTS]

Les pros de la contrebande

Les fraudeurs professionnels qui font commerce du trafic de viande constituent une concurrence déloyale pour les bouchers et grossistes suisses. Nous avons illustré le cas d’un trafiquant portugais qui revendait d’importantes quantités de denrées alimentaires, dont des produits carnés à des particuliers ou à des commerçants, avant d’être dénoncé et arrêté par les enquêteurs de la douane. Le canton de Genève, notamment, est très touché par la contrebande et le tourisme d’achat des consommateurs. Bernard Menuz, président des bouchers-charcutiers genevois, leur attribue la baisse importante du chiffre d’affaire de la centrale des bouchers et de toute la boucherie genevoise. En Suisse, de plus, on déplore la fermeture d’au moins une boucherie chaque semaine.

Les pros de la contrebande [RTS]

Entretien avec Françoise Weilhammer

Nous avons pu vérifier au siège de l’Administration des douanes à Berne que parmi les fraudeurs qui ont été démasqués, on trouve quelques restaurateurs et même des épiciers qui ont importé parfois de grosses quantités de viande pendant des mois ou des années.

Entretien avec Françoise Weilhammer [RTS]

Chère, ou trop chère, la viande suisse ?

Mais comment s’expliquent de telles différences de prix de la viande entre la Suisse et la France ? Selon Vincent Bolay, éleveur de vaches d’Hérens et boucher à Sévery (VD), le prix de 76 CHF/kg de l’entrecôte vendue dans sa boucherie ne pourrait pas être revu à la baisse. En cause, les coûts élevés de production et de transformation : les animaux sont élevés dans l’exploitation ; la viande est séchée et rassie pendant plusieurs semaines avant d’être proposée à la vente. D’autre part, les bouchers fixent un prix plus élevé pour des morceaux très demandés comme l’entrecôte, pour compenser le prix très bas des pièces moins nobles, et moins recherchées. Nous avons rendu visite à Claude Bocquet, boucher à Annecy (F) qui vend une viande de qualité en provenance d’élevages français. Dans sa boucherie, l’entrecôte est vendue entre 35 et 45 euros le kilo (entre 38 et 49 CHF/kilo) selon la provenance de la viande. Selon lui, la différence de prix s’explique bien sûr par des salaires, des charges et des loyers moins chers qu’en Suisse mais également par un type de découpe différente, un peu moins affinée qu’en Suisse et le fait qu’on valorise plus les bas morceaux.

Chère, ou trop chère, la viande suisse ? [RTS]

Entretien avec Françoise Weilhammer (suite)

Nous avons constaté que l’entrecôte est vendue au même prix dans la grande distribution que dans les boucheries, alors que la qualité n’est pas équivalente. Nous avons demandé des explications à deux grandes surfaces suisses.

Entretien avec Françoise Weilhammer (suite) [RTS]

Suivi de « serrure et facture, un couple parfois en bisbille ! »

Heureux développement pour David qui a gagné devant la justice genevoise.