Pesticides dans les agrumes non traités: halte à la fraude - Rubrique juridique: comment ne pas ramener nos souvenirs de vacances en miettes ?

L'émission du 17 décembre 2002
Pesticides dans les agrumes non traités: halte à la fraude !


Aujourd’hui, avec 100 millions de tonnes par an, on produit plus d’agrumes que n’importe quel autre fruit et les Suisses en consomment plus que leurs voisins européens. C’est la saison des clémentines, des mandarines, mais on parlera aussi des oranges et des citrons que l’on trouve toute l’année.




Le climat de la Corse est favorable aux agrumes. Il a permis le développement d'un produit phare commun à tout le bassin méditerranéen, la clémentine. A San-Giuliano, au sud de Bastia, le CIRAD et l'INRA, l'Institut national de recherche agronomique français, ont installé un centre d'études spécialisé dans l'agrumiculture. Depuis plus de 40 ans, on y cultive, on hybride, on sélectionne des variétés qui finiront peut-être un jour sur la table des consommateurs.




C'est là que nous avons rencontré François Luro qui nous a expliqué comment évolue la recherche aujourd'hui: "Ce que l'on recherche pour les variétés qu’on consomme en fruits frais, c'est l’absence de pépins, la facilité d’épluchage, la coloration interne et externe et l’étalement de la période maturité." La saveur a aussi son importance? "C’est un critère primordial pour la mise sur le marché d’une nouvelle variété.




Les grandes surfaces ont plutôt envie d’avoir un fruit homogène sur toute l’année, si c’est possible. Donc, notre point de vue est différent. Nous travaillons plutôt sur la diversité génétique et la diversification des produits. En espérant que le consommateur pourra s’y retrouver. C’est aussi une manière pédagogique de proposer des fruits différents avec des goûts différents."




Si beaucoup de variétés ont vu le jour suite à des mutations naturelles, d'autres ont été créées en laboratoire. Pour guider leurs recherches, les biologistes s’appuient sur des cartes génétiques qui leur permettent d’identifier les caractéristiques intéressantes des fruits. Sur le terrain, on en dénombre près de 150 variétés consommées pour près de 5'000 répertoriées. Pamplemousse, combava, cédrat main de Bouddha, et bien d’autres encore dont l’aspect ne traduit pas forcément la qualité du fruit.




François Luro nous explique: "Pour la couleur des agrumes, le froid est essentiel et va jouer un rôle prépondérant dans la coloration des fruits. Il existe des variétés qui sont déjà matures à l’intérieur et dont l’épiderme est totalement vert à l’extérieur. Si on coupe le fruit, on voit qu’il a atteint sa coloration normale, c’est une mandarine commune."




Ces mandarines, pourtant très savoureuses, seraient immanquablement refusées par un distributeur. Pour éviter cela, de nombreux pays producteurs déverdissent artificiellement les fruits avec de l’éthylène, un gaz qui ne laisse pas de trace dans le fruit. Ce procédé est sans inconvénient connu à ce jour, mais de sérieuses menaces pèsent lourdement sur les cultures. Des ravageurs qui ont pour nom: pucerons, cochenilles, acariens, mineuses, mais aussi des champignons et des maladies virales. Selon François Luro, "il n’y a pas de lutte chimique contre ces virus responsables. En cas de maladie, il faut couper l’arbre atteint par les pucerons. Il faut donc maintenir un niveau de pucerons bas pour éviter la propagation de ces maladies-là."




Et pour maintenir un niveau bas de ravageurs, les attitudes diffèrent. Pendant que les chercheurs tentent de trouver des porte-greffes productifs et résistants aux maladies, de leur côté, les agrumiculteurs corses pratiquent autant que possible la lutte raisonnée qui limite l’utilisation des pesticides.




Toutefois, la majorité d’entre eux ne remet pas en cause le recours systématique à la chimie. Jean-Claude Ribaut est un important producteur de l'île: "On essaie d’éviter l’emploi de pesticides, mais compte tenu des fortes pressions que nous connaissons et compte tenu des chaînes de prédateurs que nous avons dans les fruits, on ne peut pas imaginer s’en priver tout à fait." Vous n’avez pas le sentiment qu’on abuse un peu? "Ca peut arriver, mais pour être sûr que le marché paie quelque fois, il faut se mettre à l’abri des dégâts. Le consommateur veut la qualité et le prix, ce n’est pas possible. Je comprends que le consommateur veuille moins de traitements, mais il faut qu’il sache que le producteur prendra plus de risques et qu’il exigera un prix plus élevé de son produit."




Patrick Berghman a pris plus de risques. Il y a 10 ans, il cultivait ses clémentines de manière conventionnelle. Aujourd'hui, il est le premier producteur bio de l'île et exporte la plus grande partie de ses fruits vers la Suisse.




Il nous explique: "Le fait d’utiliser des engrais chimiques favorise la pousse de l’arbre. Cela peut causer un excès au niveau de la nutrition de l’arbre et parfois un déséquilibre, surtout en ce qui concerne les engrais azotés. Nous, on essaie de garder cet équilibre. On est très attentifs aux doses d’azote que nous apportons avec les engrais bio et avec le compost. Cela nous permet d’avoir un verger équilibré sain et moins sensible aux attaques des insectes."




Mais, aujourd’hui, la production d’agrumes bio est encore très marginale. Si la Corse est parvenue à éviter les gros problèmes sanitaires dans ses vergers, ce n’est pas tout à fait le cas d’autres pays producteurs axés sur le rendement maximum, comme l’Espagne.


Oranges, citrons et clémentines d'Espagne…



Pesticides dans les agrumes non traités: halte à la fraude !
Et ce qui se passe en Espagne nous intéresse beaucoup, puisque 75% des agrumes vendus en Suisse proviennent de ce pays.




Vous en avez probablement en ce moment dans votre corbeille à fruits, comme un peu de soleil et de nature dans la grisaille de l’hiver. Nous sommes au regret de vous dire que la chimie et les agents conservateurs sont également de la partie. Comme pour la belle couleur orange, tout n’est pas toujours naturel dans la maturation de ces fruits.




Dans le bassin méditerranéen, l’Espagne figure en tête des pays producteurs d’agrumes. Les champs de clémentiniers, de citronniers et surtout d’orangers forment une bande qui s’étend sur des milliers d’hectares le long de la côte sud est. En Espagne, on appelle ces vergers, les « huertas ». Ici, la cueillette s’opère à la main, du sud vers le nord, au fil de la maturation des fruits. Les oranges passent de la terre à un univers de métal dans des chaînes de production entièrement automatisées.




Elles sont lavées, afin d’être débarrassées d’une partie des insecticides qu’elles ont reçus pendant la période de croissance, séchées, puis à nouveau imprégnées avec des fongicides qui agissent comme des agents conservateurs. Alarmée par ces méthodes de recours systématique aux pesticides, la principale organisation espagnole de défense des consommateurs a mené une enquête pour avoir une idée précise de la situation. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les conclusions de l’étude ne sont pas très rassurantes.




José Maria Mùgica Flores nous explique: "Je peux vous donner un exemple concret issu de l'étude menée sur les oranges: la presque totalité de nos échantillons contenaient des pesticides d’après récolte et des conservateurs. 33% étaient bien au dessus des limites maximales de résidus autorisées. Pour nous, cette situation est absolument inacceptable. Il est nécessaire d’améliorer la formation des gens qui produisent les fruits pour qu’ils deviennent conscients des conséquences de cette situation sur l’alimentation."




En Suisse, tous les produits appliqués sur les fruits avant et après récolte sont assimilés à des pesticides. Sur ce point, notre législation est plus sévère que celle de l’Union Européenne. Mais, au sein de l’Union, les pays producteurs n’appliquent pas les même normes et il est pratiquement impossible de contrôler tous les fruits qui passent nos frontières. Une situation qui profite largement aux grands distributeurs.




Selon José Maria Mùgica Flores, "l’utilisation de ces produits, de ces substances d’après récolte, permet aux grands distributeurs de contrôler et prolonger la période de consommation des fruits. Ainsi, ils obtiennent également le contrôle non seulement du marché, mais aussi des prix qu’ils veulent obtenir. La conclusion de notre étude est qu’il est préférable de consommer les fruits mûrs au moment où ils mûrissent.




Pour éviter ces périodes de conservation, il est important de savoir que toutes les oranges ne mûrissent pas en même temps. Prenons un exemple concret: si, en novembre, décembre ou janvier, on me vend des oranges Valencia late, on me donne une orange de la cueillette antérieure, parce que l’orange Valencia late est la dernière à mûrir, entre avril et juin. En ce moment, l’orange que je dois normalement consommer est la Navel qui est la première à mûrir."




Dans votre exemple, il y aurait combien de temps de retard? "Ca peut arriver qu’il y ait un délai de 6 mois. Mais si les consommateurs n’achètent pas d’oranges de la variété Valentia late, le distributeur en tiendra compte. Ca veut dire que, dans bien des cas, c’est seulement à partir d’une action du consommateur qu’on pourra faire changer des comportements qui ne résultent pas de l’ignorance, mais d’une volonté claire de faire des bénéfices."


Test: des pesticides dans les zestes d'oranges et de citrons...



Pesticides dans les agrumes non traités: halte à la fraude !
Après de telles informations, il ne nous restait qu’une chose à faire: acheter des agrumes et les faire analyser. Nous avons apportés des oranges, des citrons et des clémentines au Laboratoire cantonal de Genève qui a recherché les traces de pesticides. On englobe sous cette dénomination les insecticides, les herbicides ainsi que les fongicides contre les moisissures.




En laboratoire, pour détecter des pesticides dans un agrume, il faut commencer par le broyer entièrement. Cette pratique permet au chimiste de prendre en compte tout le fruit, car, comme chacun le sait, les zestes d’orange ou de citron sont régulièrement utilisés en pâtisserie ou pour aromatiser certains mets. La bouillie ainsi obtenue est ensuite pesée et mélangée avec un solvant qui piège les pesticides qu’elle contient. Une fois récupéré, le solvant est concentré, puis analysé par le chromatographe qui permet l’identification des produits chimiques présents dans l’agrume.




Les résultats sont édifiants, chez Migros, Coop, Pick Pay, Waro et Carrefour, les citrons et oranges issus d’agriculture conventionnelle contiennent tous des pesticides, principalement dans l’écorce du fruit. Des produits appliqués sur les cultures avant la récolte ou après. Dans ce cas, il s’agit principalement de fongicides sensés prolonger la conservation du fruit en vue de sa commercialisation. Pour les agrumes d’agriculture conventionnelle, le seuil fixé par la loi n’a pas été dépassé. Ces produits sont donc conformes, mais il est pratiquement impossible d’utiliser leur écorce. Claude Corvi, chimiste cantonal à Genève, "autrefois, nous conseillions de brosser le fruit sous l’eau bouillante, afin de faire partir le pesticide. Mais malheureusement, si le pesticide s’en va, une grande partie des arômes et des huiles essentielles sont évaporés. On perd tout intérêt d’une écorce d’orange ou de citron qui n’a plus aucun arôme."




En général, seule une petite part de pesticides se retrouve dans la chair du fruit, toutefois, le risque de contamination est constant. "Si vous avez un produit traité en surface, vous ne pouvez pas le peler sans introduire une partie des résidus de la surface dans la pulpe. Nous avons fait des tests également en laboratoire ou une grande partie du produit se retrouve sur la pulpe du fruit traité."




Nous avons ensuite testé des citrons et oranges non traités après récolte, car, depuis plusieurs années, les distributeurs ont pris l’habitude de proposer ce type de produit à leurs clients. Une offre appréciée par les amateurs de poulet au citron ou par ceux qui préfèrent la pâtisserie aromatisée à l’orange sans pesticides, mais à condition que les filières d’agrumes non traités après récolte soient jugées fiables. Malheureusement, notre test révèle que ce n’est pas le cas. Sur quatre échantillons, un seul est conforme, il s’agit des oranges vendues chez Manor à 2 francs 75 le kilo. Les trois autres contiennent tous des pesticides d’après récolte, ils sont donc jugés non conformes.




Par ordre croissant de contamination, il s’agit des citrons de Manor à 3 francs 25 le kilo, des citrons de Coop à 5 francs et des citrons de Carrefour à 3.80 le kilo. Tous proviennent d’Espagne.




L'avis de Claude Corvi: "C'est grave parce que cela représente une tromperie grave du consommateur qui s’attend à une qualité d’agrume telle qu’il puisse utiliser sans aucun problème les écorces de ces citrons pour la pâtisserie ou pour des infusions. On sait que ces produits (pesticides) passent totalement dans la pâtisserie et, en très grande partie, plus de 50%, dans les infusions. Donc, comme ces pesticides sont dangereux pour la santé, c’est clair et net qu'il y a tromperie manifeste du consommateur qui achète des produits avec une plus value, puisque c’est une plus value de les déclarer non traités." Vous, en tant qu’autorité cantonale, que faites-vous dans une situation pareille ? "Dans cette situation, nous exigeons immédiatement la modification de l’étiquetage. A mon sens, cela mérite une amende, puisque il y a eu tromperie du consommateur, soit volontaire, soit non intentionnelle, mais c’est le devoir d’autocontrôle du commerçant qui doit vérifier que la mention non traité soit parfaitement respectée."




Effectivement, c’est totalement inadmissible. Même si la loi instaure une norme, il faut savoir que les pesticides font partie de ces produits qui sont immédiatement toxiques. Il n’y a pas de seuil en dessous duquel le produit est inoffensif et au delà toxique. Il est toxique même à faible dose. Plus il y en a, plus la toxicité est forte par conséquent. L’objectif est donc aucun pesticide dans le produit pour le consommateur. Il y a des producteurs qui travaillent bien et qui visent l’objectif de l'absence totale de pesticides et d’autres qui sont beaucoup moins soucieux. Mais ce sont les distributeurs qui sont responsables de la qualité des produits qu’ils mettent en rayon. Ce sont donc eux que nous sommes allés interpeller…




Nous avons commencé notre tournée des distributeurs chez Carrefour, l’hypermarché français qui a repris l’enseigne de Jumbo. C’est dans cette chaîne de magasins que nous avons prélevé le citron non traité après récolte le plus contaminé.




Après un accueil un peu embarrassé, le responsable qualité pour les fruits et légumes, José-Luis Moreira, nous a fourni quelques explications: "Notre producteur nous a parlé d’erreur humaine. Il faut savoir qu’il a une ligne exclusive de citrons non traités que lui demande Carrefour et, a priori, il y aurait une inversion de matière première au début de cette chaîne."




Ces explications vous ont convaincu? "Je ne veux pas rentrer dans ces débats. Il y a une erreur et on la constate. Maintenant, on va contrôler cela de plus près. Ce que je peux vous dire, c’est que l'on a retiré ce produit de la vente et que demain tous les départs d’Espagne seront accompagnés d’une analyse multi-résiduelle conforme à la législation suisse en vigueur." Parce qu’avant ce n’était pas le cas? "On a eu des contrôles chez ce fournisseur. Depuis début octobre, on a prélevé quatre fois et ces analyses étaient conformes. Alors on est un peu surpris, mais demain on garantira un produit avec une analyse correcte."




Chez Coop, les citrons étaient à peine moins contaminés. Le distributeur a donc mené sa propre enquête et, en bon habitué d’ABE, c’est André Mislin qui nous a reçu: "Effectivement, il y a eu un échange dans la ligne de production entre les produits traités et non traités. Il y a des palettes qui sont venues en Suisse, qui n’auraient pas dû venir." Vous croyez le producteur qui vous dit qu'il s’est trompé de palette? "On a une lettre du producteur et nous avons aussi des personnes sur place.




Nous sommes très vigilants pour les produits qui vont entrer en Suisse et vous pensez bien que ce producteur se retrouve sur la sellette chez nous en ce qui concerne les contrôles." On ne peut pas exclure que ce problème existe depuis longtemps? "En effet, on ne peut pas l’exclure." Vous pouvez garantir que les citrons que vous allez désormais vendre sous ce label-là seront non traités après récolte? "Je peux dire qu’on fera tout pour le garantir."




Des citrons non traités après récolte figuraient encore à l’étalage du magasin. Coop nous a certifié qu’il s’agissait de nouveaux arrivages dûment contrôlés et conformes. Mais, curieusement, ils ont été retiré aussitôt après l’interview.




Nous avons achevé nos visites en passant chez Manor, le troisième distributeur épinglé par le laboratoire cantonal. Là, les oranges vendues sans traitement après récolte avaient été jugées conformes, mais pas les citrons qui comportaient des traces de pesticides. Et le problème, c’est que, même en quantité très faible, c’est interdit.




Bruno Huguenin de chez Manor nous explique: "Pour nous, c’est inexplicable. Nous avons des contacts avec nos producteurs en Espagne, ils font des analyses régulièrement. Nous avons deux analyses, du 30 octobre et du 15 novembre. Vous êtes passé le 12 novembre et dans ces deux analyses ne figurent aucun produits de traitement." Alors, qu’est-ce que vous allez entreprendre avec vos citrons? "Manor prend cette analyse très au sérieux. Nous avons immédiatement retiré la mention non traité après récolte de notre affichage et nous remettrons cette mention dès le moment où l'on aura la garantie complète de la chaîne."




Finalement, au vu des résultats de notre test, sur quoi peut-on réellement compter si l’on veut des agrumes exempts de pesticides ? Selon Claude Corvi, chimiste cantonal de Genève, "il faut se replier sur le bio si on veut faire de la pâtisserie avec des écorces d’orange ou de citron. On peut se replier sur le non traité pour autant que cette affirmation soit correcte et respectée. Ce n’est pas toujours le cas, nous constatons nous-mêmes qu’il y a souvent des erreurs d’aiguillage dans les lots qui sont livrés dans les grandes surfaces et on n'a pas la garantie que le produit déclaré non traité est réellement non traité après récolte."




Le problème, c’est que ces distributeurs ne sont plus crédibles. Malgré leurs promesses, les contrôles révèlent régulièrement que l’étiquetage ne correspond pas au produit. Il faut dire que, pour les tenir, les distributeurs devraient faire des contrôles bien plus systématiques des lots et exclure les producteurs qui ne respectent pas leurs engagements. Tout est une question de coût, c'est moins cher d’être laxiste que sévère, et tant pis pour les clients.




La seule consolation, c’est que les oranges et les citrons BIO achetés à la Coop et à la Migros sont effectivement exempts de pesticides selon nos analyses. Le label BIO est, à ce jour, la seule garantie de pouvoir utiliser les zestes sans risques.


Et les clémentines dans tout ça ?



Pesticides dans les agrumes non traités: halte à la fraude !
Voyons donc si les choses sont différentes pour la clémentine. C’est l’agrume le plus consommé durant cette période de l’année. On n’a pas acheté de mandarines, car il n’y en a presque pas sur le marché. La clémentine est un hybride stérile issu d’un croisement entre une orange et une mandarine. Elle s’est imposée grâce à une caractéristique: l’absence de pépins. L’histoire raconte qu’elle a été découverte en 1920 par le Père Clément Rodier qui lui a donné son nom, près d'Oran, dans les jardins d’un orphelinat algérien.




Pour mesurer la qualité intrinsèque d’une clémentine, il existe un procédé de référence qui a été développé par les ingénieurs de l’INRA en Haute Corse. Jean Bouffin, ingénieur agronome, nous explique: "On apprécie le goût par le rapport entre le taux de sucre et le taux d’acidité du jus de la clémentine. Si on a un rapport sucre/acide très élevé (indice 17-18), on ne parlera plus de clémentine, mais d’un fruit sucré. Par contre, si on a un taux très faible (indice 7), plutôt que de clémentine, il faudra parler de citron."




Le labo de Genève a donc effectué les mesures selon cette méthode. Toutes nos clémentines proviennent d’Espagne. Voici le classement en partant des moins savoureuses.




Insatisfaisantes:




Clémentines avec feuilles de Migros Balexert à 3 francs 40 le kilo (indice 18,92).




Clémentines de la Coop de Signy vendues en filet à 1 francs 95 le kilo (Indice 18,08) Clémentines en filet à 2 francs 40 de Carrefour à Vernier (Indice 17.83)




Clémentines en vrac du magasin Waro de Gland à 2 francs 85 le kilo (Indice 16,1)




Satisfaisantes:




Clémentines en vrac du Manor de Chavannes de Bogis à 2 francs 95 le kilo (Indice 14,39)




Clémentines en filet vendues 2 francs 25 le kilo, Migros de Balexert (Indice 13,96)




Clémentines en cageot traitées aux produits naturels, vendues 1 francs 55 le kilo, Carrefour de Vernier (Indice 13,61)




Clémentines en vrac à 1 francs 90 le kilo chez Carrefour (Indice 12,5)




Très satisfaisantes:




Clémentines avec feuilles achetées en vrac à la Coop de Signy à 4 francs 20 le kilo (Indice 11,73)




Les meilleures de toutes: Clémentines BIO achetée en vrac à la Coop de Signy à 3 francs 90 le kilo (Indice 10,09)




Comme pour les oranges, afin de ne pas acheter des fruits conservés depuis des mois, il faut tenter de coller à leur saison de maturité: la variété MARISOL en octobre, suivie par la NULES, puis la CLEMENTINE COMMUNE du 15 novembre à fin décembre et finalement la variété HERLANDINA qui clôt la saison début février.




On parle là des clémentines d’Espagne qui représentent l’immense majorité du marché suisse. Dans ce test, aucune clémentine n’a été prise en flagrant délit d’immaturité, puisqu’aucune n’était trop acide. Contrairement à d’autres fruits commercialisés avant d’être murs, pour la clémentine, c’est plutôt l’inverse. Quand elles sont ramollies au fond de leur filet, trop sucrées et sans goût, c’est qu’elles ont passé l’âge. Enfin, les cires dont les agrumes sont parfois enduits pour améliorer leur aspect et éviter leur dessèchement, ce qui prolonge le temps de conservation, elles ne sont pas à déclaration obligatoire alors qu’elles contiennent souvent également des agents conservateurs. C’est juste un truc de plus que la nature n’a pas prévu. Enfin, pour conclure, la saison des agrumes, c’est l’hiver et le printemps. Les oranges que l’on trouve en été proviennent de l’hémisphère sud et sont donc encore plus chargées en pesticides pour pouvoir supporter le long voyage !

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