La guerre du plasma sanguin

L'émission du 6 juin 2007

Depuis le début de cette année, les hôpitaux de Suisse sont confrontés à une pénurie d'immunoglobuline. Ce médicament important est extrait du plasma sanguin que les donneurs suisses fournissent pourtant en quantités suffisantes. Pourquoi ce produit se trouve-t-il entraîné dans une guerre commerciale?

Le précieux plasma sanguin est devenu l'enjeu d'une guerre commerciale

Ce reportage a obtenu le 1er prix de la catégorie "Reportage court" de TELEFILMED 2007, Festival international des émissions médicales et des reportages médicaux télévisés d'Amiens.

Un sujet réalisé par Thérèse Obrecht et Jean-Alain Cornioley.

L'OMS a donné l'alerte il y a 10 ans. Aujourd'hui l'obésité touche aussi la Suisse.

Ce reportage a obtenu le prix spécial du jury de TELEFILMED 2007, Festival international des émissions médicales et des reportages médicaux télévisés d'Amiens.

Des maladies de la vieillesse chez des enfants de six ans

L'OMS a alerté la planète il y a 10 ans. Mais, en Suisse, on n'a pas voulu y croire. On a pensé que c'était le problème des Américains. Aujourd'hui, on se trouve avec un vrai problème qui touche principalement les enfants. Des enfants qui sont en train de développer des maladies chroniques, des maladies qu'on ne voyait jusqu'ici que chez les adultes âgés : hypertension, épaississement des parois du cœur et des artères, diabète de type 2, etc. Des maladies que l'on observe déjà chez des enfants de six ans !!!

Les enfants sont les premières victimes de l'obésité

Les consultations de l'obésité débordent, en pédiatrie comme chez les adultes. Pour la prévention, quelle claque, quel échec! Les mécanismes de l'épidémie, on les connaît : trop d'aliments trop gras, trop sucrés, trop de publicité, trop de sédentarité. Pour les spécialistes, nous vivons dans un environnement obésogène. Mais cela n'explique pas tout, il y a un autre problème. Non seulement le nombre de cas augmente, mais aussi leur gravité. On parle désormais de super-obèses, comme si il n'y a avait pas de limite à la prise de poids. De plus, l'épidémie avance anormalement vite. Le rythme est bien plus rapide que celui de nos changements d'habitudes. Il se passe donc quelque chose qui nous a échappé.

Nous produisons trop et mal

L'excès de nourriture néfaste tue plus que la famine Nos ancêtres, qui ont subi des famines, nous ont légué une attirance naturelle pour le gras et le sucré. Pour les industriels, c'est simple : ils commercialisent des produits bon marché à produire et très faciles à vendre puisqu'on les mange sans avoir faim. Comme ils en produisent trop, ils n'ont de cesse de nous les faire avaler. Il leur suffit pour cela d'en parler tout le temps et de les rendre disponibles partout.
En Suisse, on produit 1 tiers de calorie de plus que ce qui est nécessaire pour nourrir la population, soit 3500 kcal par jour et par personne, alors que les recommandations de l'OMS se situent autour de 2'100 par personnes, en comptant les bébés et les vieillards.
Aux Etats-Unis, le phénomène est encore pire : l'industrie produit le double de calories nécessaires. Le bilan en terme de santé est simple : dans le monde, aujourd'hui, l'excès de nourriture néfaste pour la santé tue plus que la malnutrition et la famine.

Changer la manière de nourrir les animaux

Autrefois, les vaches ne faisaient leur veau qu'au printemps et donnaient du lait pendant la période où elles broutaient l'herbe grasse et riche de cette saison. C'étaient des prairies pleines de fleurs et de graminées riches et variées.

L'alimentation des vaches a été totalement déséquilibrée en 50 ans Il y a une cinquantaine d'année tout a changé.
La culture du lin a disparu. Les paysans en cultivaient des dizaines de milliers d'hectares pour le textile. Ils gardaient des graines pour nourrir leur bétail l'hiver. Ils les cuisaient et en donnaient au animaux qui venaient de mettre bas, car ils avaient remarqué que cela leur faisait du bien. Mais le coton a remplacé le lin. L'herbe fertilisée a remplacé la prairie. La production intensive a supplanté l'élevage traditionnel. Les laiteries se sont industrialisées, elles ont eu besoin de lait toute l'année.
Avec l'augmentation de la demande, les aliments complémentaires habituels donnés à l'étable ne suffisaient plus. On les a remplacés par le maïs et le soja, faciles à cultiver et faciles à stocker dans des silo pour l'hiver.
L'homme a inventé l'insémination artificielle, ce qui a permis de répartir les vêlages sur toute l'année et d'avoir du lait en permanence. Pendant cette période les vaches ont beaucoup grossis et produit toujours plus de lait. Un lait plus gras.
Dès les années 70, le couple « Maïs - Soja » est en place dans toutes les auges de tous les animaux de la planète.
Il y a juste un problème: le maïs est très riche en acides gras de la famille des omega 6, alors que l'herbe de printemps elle est très riche en acide gras de la famille des omega 3. Tout comme le lin. Ces acides gras essentiels sont indispensables. Mais ils doivent être mangés en quantité quasi-égale. Hors ces changements ont bouleversé la composition des graisses animales. Sans le savoir, en favorisant le maïs et le soja pour des questions de rentabilité, on a rompu l'équilibre de la chaîne alimentaire.
Cela a eu des conséquences sur la santé des animaux:

Le label bleu-blanc-coeur a été créé pour promouvoir les produits d'animaux nourris au lin Toutes ces années, qui ont vu la généralisation du système ultra-simple du maïs-soja pour les poules, les vaches, les cochons, les canards etc... ont aussi été les années où on a vu se généraliser l'utilisation des antibiotiques, où il y a eu des problèmes sanitaires, les taux de mortalité en élevage ont augmenté. Puis est arrivée l'affaire de la vache folle. Il y a donc eu une demande de la part de certains éleveurs pour des aliments plus sains.
D'où l'idée de réintroduire dans l'alimentation des animaux des graines qui avaient disparu. Il y a le lin bien sûr mais il y avait aussi le pois, le lupin, la féverole.
Cette idée à germé chez Pierre Weill, un ingénieur agronome établi en Bretagne, après des discussions avec son ami éleveur, Jean-Pierre Pasquet.
Il a eu envie de remettre ces graines anciennes pour recomposer des rations et ses clients éleveurs y ont trouvé un intérêt en terme de santé, de frais vétérinaires diminués et de production plus régulières.
Pierre Weill a mis au point un procédé industriel pour extruder le lin qui remplace la cuisson ancestrale de la graine, qui ne doit pas être consommée crue.
Pour promouvoir les produits issus d'animaux nourris au lin, une association et un label ont été créés: bleu-blanc-coeur.

Les acides gras

Les omega 6 et les omega 3, ce sont des acides gras essentiels. C'est à dire qu'ils sont indispensables à notre organisme qui ne sait pas les synthétiser. C'est donc l'alimentation qui doit nous les procurer. On trouve les omega 3 principalement dans les poissons gras, l'huile de colza, les noix, et les graines de lin. Deux tiers des acides gras omega 6 que nous mangeons provient des animaux, le reste des huiles végétales comme le tournesol, le maïs ou le soja. Il y a un siècle, l'alimentation assurait l'équilibre entre ces deux familles d'acides gras. En privilégiant massivement les omega 6, l'industrie agroalimentaire a rompu cet équilibre. Et manque de chance, ça a des effets directs sur le tour de taille de la population:

Le laboratoire du Professeur Gérard Ailhaud a démontré les dangers de l'utilisation excessive du maïs Sans rien savoir de ce qui se passait en Bretagne, dans un autre coin de France, un chercheur est en train de découvrir qu'on ne s'est peut-être pas assez méfié de l'arrivée massive du maïs dans les auges et les assiettes. A Nice, dans son laboratoire de Biochimie, le Professeur Gérard Ailhaud et son équipe ont montré qu'une bonne partie des choses se joue déjà avant la naissance, pendant la grossesse et l'allaitement. La masse adipeuse chez le bébé se développe surtout au 3ème trimestre. On sait maintenant que ce que la maman mange va influencer le poids de naissance du bébé et son risque futur de devenir obèse. Ce qui a mis Gérard Ailhaud sur la piste, c'est l'augmentation du nombre de bébés obèses, à un âge ou l'on ne peut incriminer ni le manque d'exercice ni la fréquentation assidue des fast-food. Plusieurs études, dont une américaine, montrent qu'en moins de 20 ans le pourcentage des bébés de 6 à 11 mois au dessus du poids moyen a plus que doublé. C'est étrange, car les rations alimentaires sont restée stables durant la même période. La proportion de graisse avalée par la population a même plutôt diminué avec la mode du light et du low fat.
Il s'est alors aperçu que la nature des graisses, elle, avait changé. Aujourd'hui la population absorbe jusqu'à 25 fois plus d'omega6 que d'omega3.

Les adipocytes peuvent atteindre jusqu'à 40 fois leur taille initiale L'organe adipeux est constitué de cellules, les adipocytes. A partir de cellules souches, le corps fabrique des pré-adipocytes, ce sont des cellules précurseur, elles attendent dans les starting-blocks, prêtes à être mobilisées en cas de besoin. Elles se transforment alors en adipocytes. Ces cellules peuvent grossir jusqu'à atteindre 40 fois leur taille initiale.
Le problème c'est qu'une fois l'adipocyte formé dans l'organisme il n'est pas appelé à disparaître. c'est un processus irréversible. Quand on maigri, chaque adipocyte perd un peu de sa graisse mais il ne disparaît pas. Dès que le régime alimentaire est interrompu, chaque cellule va récupérer sa quantité de graisse initiale et même au-delà, par le phénomène bien connu du yoyo. En effet l'organisme supporte mal les restrictions. Il réagit en augmentant sa capacité de stockage après qu'on l'ai soumis à une famine.
Le système va alors recruter de nouvelles cellules précurseurs, qui vont se transformer en adipocytes pour ne plus jamais disparaitre! L'organe adipeux a une capacité d'expansion illimitée, ce qui explique qu'un individu puisse dépasser les 400 kilos. Il fini par mourir des problèmes cardiaques ou repsiratoires, mais l'expansion du tissus adipeux n'a semble-t-il pas de limites.
Le Pr Gerard Ailhaud du CNRS Nutrition-Obésité université de Sophia-Nice et ses collègues ont découvert que les omega6 favorisent ce processus. En utilisant des rongeurs comme modèle, ils ont constaté que la prise de poids n'est pas seulement due à la quantité de la graisse absorbée, mais aussi à sa qualité.
A calories égales, les souriceaux nourris aux omega6 ont un poids de naissance bien supérieur à ceux qui ont un régime équilibré. Cette différence persiste à l'âge adulte. Pire encore, ce phénomène s'aggrave de génération en génération. Chaque portée devient plus sensible à ce régime riche en omega 6, et à la naissance les souriceaux pèsent toujours plus lourd que leurs ancêtres. En examinent des tissus graisseux, l'évolution est flagrante.
Il est hautement probable que le phénomène soit exactement le même chez les autres mammifères, et donc chez l'humain.
De plus ce que nous mangeons influence nos gènes. Les acides gras qui sont les principaux constituant des lipides alimentaires vont entraîner une augmentation de l'expression de gènes qui vont participer à la formation des cellules adipeuse.
C'est ce qu'on appelle l'épigénétique. La qualité des nutriments que nous ingérons va influencer notre santé, mais aussi créer une empreinte sur les génération futures. Ces modifications génétiques nous les transmettons à notre descendance. On sait maintenant que les omega6 favorisent la fabrication, le transport et le stockage des graisses. En plus, ils inhibent l'effet des omega3 qui, eux, favorisent plutôt la combustion des graisses par les muscles. Le déséquilibre a donc un effet désastreux.
Les industriels ont inventé les laits maternisés qui ont remplacé les nourrices. Ils ont calqué leur composition sur le lait naturel des mères. Depuis les années 50, les bébés nourris au sein et ceux nourris au biberon subissent le même déséquilibre. Les omega 6 ne sont pas mauvais, c'est leur excès qui est néfaste. Malheureusement les choix agricoles et industriels de ces 50 dernières années ont très vraisemblablement aggravé les effets de la sédentarité et de la surabondance.

Les générations futures sont marquées génétiquement par notre régime alimentaire On ne sait pas compter les pré-adipocytes, mais il est possible qu'un régime trop riche en omega 6 de la maman influence le stock de ces cellules précurseurs chez le bébé. Si il a ensuite un régime déséquilibré, il pourrait facilement produire des cellules graisseuses qu'un bébé ayant un stock moindre de pré-adipocytes. Il est donc primordial de faire de la prévention auprès des futures mamans et des enfants.
On ne pouvait pas le savoir, mais la monoculture planétaire du maïs, ce n'était donc pas une bonne idée. En plus, le sucre de glucose-fructose que l'on tire du maïs et que les industriels mettent partout favorise aussi la formation de cellules graisseuses, bien plus que le sucre de canne ou de betteraves. Regardez les étiquettes, on le rencontre de plus en plus, car il est bon marché. En réintroduisant le lin on corrige en partie les erreurs commises ces dernières décennies. Pour les autorités sanitaires françaises c'est un moyen de lutter contre l'épidémie d'obésité, ce n'est pas le seul bien sûr et il ne résoudra pas tout, mais c'est plus facile que d'inciter toute une population à changer ses habitudes alimentaires. Et c'est plus efficace que de répéter qu'il faut manger mieux et bouger.

Les effets sur l'homme

Un panier d'aliments riches en omega 3 distribué lors d'une expérience a favorisé la lutte contrre le surpoids Est-ce qu'en remplaçant le soja par des graines de lin, ça change quelque chose pour les humains aussi ?
Pour avoir une réponse, il a fallu faire des tests sur des volontaires. C'est ce qu'a entrepris l'équipe de bleu-blanc-coeur. Le Docteur Bernard Schmitt du Centre d'Enseignement et de Recherche en Nutrition Centre Hospitalier de BRETAGNE SUD a supervisé une étude clinique originale réalisée dans la région de Lorient. 180 personnes en surpoids et leur famille ont été sélectionnées. Par tirage au sort, la moitié a reçu des aliments bleu-blanc-coeur, les autres des aliments standard, mais tous mangeaient la même chose. Seule la qualité de la graisse de ces aliments était différente.
L'expérience a duré 3 mois et demandé une logistique hors norme.
Pendant l'expérience, les deux groupes ont perdu du poids. Il faut dire qu'ils avaient tous des conseils diététiques et le fait de participer à une étude clinique, c'est motivant. Mais c'est six mois après que les choses deviennent intéressantes, quand tout le monde a recommencé à manger comme avant, et quand les bonnes vieilles habitudes ont repris leur droit. Les mesures et les analyses ont montré que le groupe qui avait eu les omega 3 a continué à perdre du poids et à présenter de meilleurs paramètres sanguins, alors que le groupe standard avait tout repris. Les effets du régime omega 3 se sont donc prolongés. Ce régime a aidé à prévenir les maladies cardio-vasculaires, l'hypertension artérielle, le diabète et les autres facteurs de risques cardio-vasculaires.
Les participants vont continuer à être mesurés régulièrement pendant les mois qui viennent, puis les résultats de cette étude seront publiés.

L'association Tradilin espère être autorisée à marquer les produits riches en omega 3 En France les consommateurs peuvent facilement repérer ces produits dans les supermarchés grâce au label bleu-blanc-coeur.
Mais il faut se méfier des contrefaçons :
Pour les industriels c'est techniquement plus simple et plus rentable d'ajouter un peu d'huile de poissons dans les laits pour bébé que de le produire à partir de vaches correctement nourries. Pareil pour les margarines et certains lait industriels: quelques gouttes d'huile de poisson, un bon coup de pub et le tour et joué. Ca leur permet de continuer à utiliser des huiles hydrogénées pleines d'acides gras trans et de la graisse de palme nuisible pour la santé. Méfiez vous des margarines qui se présentent comme des médicaments en vantant leur taux d'EPA ou de DHA...ce sont effectivement des dérivés d'omegas 3, mais ils sont rajoutés artificiellement. Ces produits ne sont pas naturellement riches en dérivés d'omega3 comme l'est par exemple le beurre d'alpage, et ils sont tout aussi nocif pour les artères que le beurre classique.
A l'inverse, en complétant les rations de maïs par du lin, les animaux travaillent pour nous, ils transforment les acides gras en des formes plus facilement assimilables pour nous. On profite mieux des omega 3 en mangeant les oeufs d'une poule qui a picoré du lin qu'en absorbant directement du lin ou de l'huile de colza. Les poissons gras d'eau froide ont aussi transformé les nutriments de l'océan en omega 3.
En Suisse, les membres de Tradilin espèrent maintenant que l'OFSP leur permettra de signaler sur l'étiquette les produits qui sont naturellement riches en omega 3. Pour l'instant rien ne les distingue des autres. Plusieurs éleveurs utilisent le lin, certaines boulangeries utilisent également de la farine de lin dans leur pain (cf « en savoir plus » pour les adresses). Ils viennent donc de déposer une nouvelle demande.
Les autorités refusent pour l'instant cet étiquetage, estimant que ce serait une incitation à consommer plus de fromage alors que globalement on mange déjà trop de graisses animales. Pour compenser le déséquilibre elles recommandent à la population d'avaler des gélules d'huile de poisson. C'est absurde à cause du risque d'ingérer des métaux lourd et parce que les réserves de poissons s'épuisent. Il serait bien plus judicieux de promouvoir la modération. Manger moins de produits animaux, mais des produits choisis, bien fabriqués et bien équilibrés.

En savoir plus:

Foire aux questions

En Suisse, les publicités ne doivent pas exploiter la crédulité des enfantsLa publicité destinée aux enfants, en particulier celle concernant les produits alimentaires, est-elle réglementée ?
En Autriche et au Luxembourg, la publicité est interdite avant et après les programmes pour enfants. L'utilisation de personnages de télévision est interdite en Angleterre, en Irlande, au Canada et en Finlande. L'Italie a de son côté banni l'emploi des héros de dessins animés avant et après les émissions dans lesquelles ils sont diffusés. Quant à la France, elle interdit aux publicitaires de montrer des enfants qui se goinfrent ou grignotent entre les repas. Suédois, Norvégiens et Québécois ont tranché net : pas de publicité télévisée destinée aux enfants. Côté suisse, la publicité doit être séparée des programmes et éviter d'exploiter la crédulité des enfants. (A voir sur ce sujet le Temps présent du 22 décembre 2005 : "Au royaume de la pub, les enfants sont obèses")
Qu'est-ce que les acides gras trans ? Sont-ils nocifs ?
Les acides gras trans (AGT) sont des acides gras présents dans la nature en petites quantités et qui, à de telles doses, peuvent être éliminés par le corps. La plupart du temps, les AGT sont créés par l'industrie lors du durcissement des huiles végétales pour la production des graisses alimentaires semi-solides ou solides. Les huiles sont avant tout durcies, afin d'en faciliter le traitement. Le risque de maladies cardio-vasculaires augmente d'un quart lors de la consommation d'AGT à raison d'environ 4 à 5 grammes par jour. En fonction des habitudes alimentaires, cette quantité peut être vite atteinte. Les AGT présentent un risque pour la santé qu'on peut éviter par une alimentation équilibrée.
Dans quels aliments trouve-t-on des acides gras trans ? Leur utilisation est-elle réglementée ?
Au début de l'année 2007, une étude de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich a montré qu'environ un tiers des 120 aliments examinés présentaient une teneur élevée inquiétante en AGT. Lors d'une réunion convoquée par l'OFSP, l'industrie alimentaire et la branche gastronomique se sont entendues pour réduire, d'ici à fin 2008, la proportion des AGT nocifs à moins de 2%. Les milieux concernés avaient jusqu'à fin févier 2007 pour présenter des mesures concrètes. Bien que les prises de position parvenues à l'OFSP n'aient pas encore été évaluées de manière complète, il apparaît clairement que l'industrie alimentaire s'oppose à une obligation de déclaration des AGT ainsi qu'à une valeur limite pour la matière de base (graisse). La branche gastronomique est en revanche favorable à l'introduction d'une valeur limite. L'industrie alimentaire, tout en reconnaissant la nécessité de prendre des mesures, préfère l'auto-régulation. Tout laisse donc à penser qu'on ne va pourvoir à une réduction de la teneur en AGT que dans des cas ne présentant pas de difficultés majeures. Dans les mois à venir, l'OFSP va suivre avec attention les mesures facultatives de l'industrie tout en examinant la base légale pour une valeur maximale.
Les produits présentant une teneur élevée en AGT sont avant tout les suivants : biscuits à la pâte feuilletée, gâteaux, muffins, gâteaux secs, boules de Berlin, doughnuts (beignets), fast food, barres de chocolat, glaces.
Les huiles de palme et de coprah, la graisse de coco et la palmiste sont-ils néfastes ?
Ces huiles sont critiquées (acides gras saturés, graisses malsaines, pas écologiques, atteintes graves à l'environnement), d'une part, et, d'autre part, elles valent peut-être mieux qu'une huile hydrogénée, dégradée en trans. La Fondation Health On the Net apporte une explication.
Différences d'effet sur le taux de cholestérol entre acides gras trans et saturés

Les flèches en vert indiquent un effet bénéfique alors que les flèches et commentaires rouges soulignent un effet néfaste Ce qu'on doit retenir de ce tableau, c'est que les acides gras saturés et les AGT ont un impact négatif sur la santé cardio-vasculaire. On doit donc les éviter le plus possible. On les retrouve dans les graisses animales (viandes, saindoux, œufs, produits laitiers...), les huiles tropicales (huile de palme, de palmiste, de noix de coco, de coprah), les huiles végétales hydrogénées, les shortenings (graisses alimentaires solides, utilisées dans la fabrication des snacks et des produits cuits au four) et dans certaines margarines.
On conclut aussi que les gras mono insaturés sont ceux qui sont les meilleurs pour maintenir une bonne santé. Qui n'a pas entendu parler des vertus de l'huile d'olive ? On retrouve ces gras aussi dans l'huile de colza, d'arachide, de sésame, de tournesol, dans les avocats, les amandes et les arachides. Il faut donc tenter de favoriser ces gras plutôt que les gras saturés et trans. Le désavantage des AGT par rapport aux acides gras saturés, c'est qu'en plus de faire monter le mauvais cholestérol, il fait baisser le niveau de HDL, le bon cholestérol.
Par contre, lorsqu'ils sont comparés aux AGT, les acides gras saturés restent tout de même un meilleur choix, car ils n'influencent pas négativement le cholestérol HDL (« bon » cholestérol). D'ailleurs, le remplacement des AGT par des gras saturés (provenant entre autres de l'huile de coco ) résultait en une augmentation du cholestérol HDL, un effet recherché pour l'amélioration de la santé cardio-vasculaire.
LiensSanté Canada - Votre santé et vous Page décrivant les différents acides gras, leurs effets, comment faire de la prévention et les mesures canadiennes prises contre les AGT Passeportsanté.net Page consacrée aux AGT Fondation des maladies du coeur Effets cardio-vasculaires des AGT
Quels effets sont les effets bénéfiques des huiles saturées, comme l'huile de palme ? Sont-il exploités ?
C'est une excellente source de vitamines A et E, dont cette région a grand besoin. On donne aux enfants de l'hôpital Alupe des cuillerées d'huile de palme rouge au lieu de pilules de vitamine A ; le Ministère de la santé envisage de distribuer l'huile comme aliment d'appoint dans toute la région.
L'huile de palme représente une excellente source de vitamine A. Des campagnes d'information sont menées pour inciter les mères à choisir pour leurs enfants et pour elles-mêmes des aliments sources en vitamine A.
Guide d'utilisation des principales huiles végétales: voir ci-contre
LiensInstitut de recherche pour le développement De l'huile de palme rouge pour lutter contre les carences en vitamine A
Effets néfastes de la consommation d'huile de palme sur l'environnement:
Le site du Réseau des conseillers forestiers de l'ACDILe site du WWFRevue médicale suisse Huile d'olive dans le régime crétois, application suisse et maladies cardio-vasculaires Servicevie.com Description de divers procédés de traitement de l'huile
L'hydrogénation et l'inter estérification permettent à l'huile de palme d'entrer dans la composition de produits tensioactifs élaborés. Cela la rend plus intéressante pour certains produits industriels .
Quelles sont les efforts consentis par la Suisse en matière de prévention des maladies et de promotion de la santé ? En fait-elle autant que les autres pays ?
Pascal Couchepin, conseiller fédéral, a demandé en 2004 à l'OCDE et à l'OMS une analyse du système de santé suisse. Les résultats ont été présentés en octobre 2006.
La Suisse consacre à la prévention des maladies et à la promotion de la santé 2,2% des dépenses totales de santé, la moyenne des pays de l'OCDE est 2,7%. En dépit de toute une série de programmes de prévention et de promotion de la santé, la fragmentation des responsabilités a favorisé la dispersion des activités ainsi que, pour l'essentiel d'entre elles, leur manque de coordination. Par ailleurs, lorsque les autorités suisses adoptent des programmes spécifiques de prévention et de promotion de la santé, elles devraient les cibler sur des problèmes particulièrement préoccupants (comme la consommation de tabac et d'alcool) ou faisant l'objet d'une attention insuffisante (comme la santé mentale et l'obésité).
Le projet «Nouvelle réglementation de la prévention et de la promotion de la santé» (PPS 2010) pourrait constituer une réponse. La commission chargée de le faire aboutir avait entamé ses travaux au printemps 2005; elle a récemment publié son rapport. Il en ressort que les principales conditions requises pour renforcer la prévention et la promotion de la santé sont : − l'amélioration de la reconnaissance politique ; − l'orientation des mesures de prévention et de promotion de la santé vers des objectifs nationaux ; − la concentration des attributions et des compétences ; − la réorganisation des principes de financement et la création des bases juridiques nécessaires à sa mise en œuvre.
Afin d'améliorer les performances à plus long terme, la fragmentation du système pourrait être réduite, comme dans le domaine de la prévention des maladies et de la promotion de la santé, par la mise en place d'une loi-cadre pour la santé. Celle-ci fixerait des objectifs nationaux et établirait les responsabilités en matière de financement ainsi que les tâches attribuées aux différents niveaux de gouvernement. Pour ce faire, il semblerait nécessaire de changer la Constitution.
Thomas Zeltner, directeur de l'Office fédéral de la santé publique, reconnaît que la Suisse est un pays sous-développé en matière de prévention. Un peu embarrassé, il rétorque que le fédéralisme a permis de mener des expériences pilotes dans certains cantons.

L'association Tradilin veut promouvoir le retour du lin, riche en omega 3Où puis-je trouver des pains, des fromages, des oeufs et du beurre TradiLin ?
Voyez la liste des points de vente des produits ci-contre et tous les détails sur Tradilin sur le site Internet de l'association.

Livres

Obésité: en savoir plusTous gros demain ?
40 ans de mensonges, 10 kilos de surpoids

Pierre Weill
Plon 2007

Nous mangeons de moins en moins, notre alimentation est sans cesse moins riche en calories et en graisses animales et pourtant l'obésité, le surpoids et les maladies « à origine nutritionnelle » explosent. Alors qu'on s'efforce d'y remédier en accusant tour à tour la malbouffe et la sédentarité, personne ne se pose les bonnes questions :
- Comment le lait maternel a-t-il changé de composition depuis quarante ans si bien qu'aujourd'hui la France compte près de 10% de bébés obèses ?
- Pourquoi un réel décalage s'est-il établi entre nos gênes et notre nourriture ? Alors que l'homme moderne a encore les gènes d'un chasseur-cueilleur du paléolithique, notre alimentation actuelle ne concorde pas avec nos gènes. Au fil des siècles, un lien fort s'était constitué entre notre environnement, notre façon de produire, de nous nourrir. Comment, et au nom de quels intérêts ce lien a-t-il été rompu ?
- Pourquoi, alors que des solutions existent, les industries agroalimentaires et pharmaceutiques s'entendent-elles pour faire régner un consensus nutritionnel aux effets dévastateurs ?
Ce livre, qui dénonce plus de quarante ans d'erreurs nutritionnelles se veut aussi porteur de solutions en nous apprenant à nous repérer dans la multitude des produits alimentaires pour éviter d'être Tous gros demain.
« Pierre Weill raconte la plus grande histoire de la nutrition humaine : comment la nourriture des animaux qui nous nourrissent conditionne toute notre santé. Un livre humain, qui pétille d'intelligence et de passion. Il se lit comme un roman. »
- David Servan-Schreiber, auteur de Guérir.

Obésité: en savoir plusToxic. Obésité, malbouffe, maladies : enquête sur les vrais coupables
William Reymond
Flammarion, 2007

En trente ans, l'alimentation a changé dans des proportions dramatiques. Désormais, les fruits et les légumes sont chargés de pesticides, les desserts sont saturés en acides gras nocifs, des steaks hachés contiennent la viande de quatre cents vaches différentes, etc. L'espérance de vie de nos enfants risque d'être plus courte que la nôtre. Des conséquences de l'épidémie mondiale d'obésité à la dure réalité de l'élevage industriel, des véritables raisons de la multiplication de certains cancers à l'ampleur des risques encourus à chaque coup de fourchette, Toxic révèle comment nous en sommes arrivés là, comment nous pouvons en sortir, à condition de réagir.
Journaliste français vivant aux États-Unis, William Reymond a publié Dominici non coupable, JFK le dernier témoin et Coca-Cola l'enquête interdite.

Obésité: en savoir plusSanté, mensonges et propagande
Thierry Souccar, Isabelle Robard
Seuil, 2004

Thierry Souccar et Isabelle Robard dénoncent les pratiques des multinationales de l'agro-alimentaire, relayés par les instances gouvernementales. Ils s'attaquent à ces conseils nutritionnels devenus vérités premières : « les laitages rendent les os plus solides », « pour maigrir, il faut diminuer les graisses », et bien d'autres. Rien n'est laissé de côté : quels sont les intérêts privés en jeu ? Quel poids ont les lobbies ? Quel rôle joue la publicité ? Ce livre propose des conseils en nutrition qui s'appuient sur les recherches les plus récentes, mais aussi un cadre susceptible de garantir, dans l'avenir, l'indépendance de l'information médicale.
Rédacteur en chef du site Internet santé du Nouvel Observateur, responsable des questions de santé et nutrition à Sciences et Avenir, Thierry Souccar est l'auteur du Nouveau guide des vitamines (préfacé par le Professeur Jean Dausset, Prix Nobel de médecine), du Programme de longue vie (livre primé par l'Institut national du vieillissement des Etats-Unis).
Isabelle Robard, avocate, chargée de cours en faculté de droit, est spécialisée en droit de la santé.

Obésité: en savoir plusN'avalons pas n'importe quoi ! Comment l'industrie s'engraisse en nous vendant de l'allégé, de l'enrichi, du sans-sucre, etc.
Fabiola Flex
Robert Laffont, 2005

Grâce à des progrès spectaculaires, les aliments de la nouvelle génération améliorent notre santé, c'est ce que prétendent les géants de l'agroalimentaire. On peut se demander si les fabricants d'allégés et autres produits miracle enrichis en vitamines et minéraux ou en bactéries valent mieux, en terme de santé alimentaire, que les spécialistes du fast food ou de la confiserie. Leurs profits ne passent-ils pas avant tout ? Pour mener cette enquête sur les arrière-cuisines de la « superbouffe », Fabiola Flex a étudié les emballages de ce que nous mangeons, les recommandations et les avis des experts en nutrition ; elle a écouté les responsables marketing des grandes entreprises de l'agroalimentaire. Son constat : aujourd'hui nous risquons davantage d'être intoxiqués par les messages publicitaires que par ce que nous mangeons.
Fabiola Flex, après Sciences-Po et l'Essec, a travaillé au département marketing de la multinationale Unilever, puis elle est devenue journaliste pour les magazines Newbiz et Management. Elle est aujourd'hui journaliste indépendante.

Interview d'expert

Marion Nestle, Professeur au département de nutrition et d'études des aliments de l'Université de New York Conversation with Marion Nestle
Marion Nestle, Ph.D., M.P.H., is Paulette Goddard Professor and former Chair of the Department of Nutrition, Food Studies and Public Health at New York University. Her research focuses on analysis of the scientific, social, cultural, and economic factors that influence federal dietary guidance policies and their acceptance by the public, particularly food industry marketing Nestle...Lire la suite .
Le site de Marion Nestle, FoodPolitics.com (en anglais).

Bonus de l'émission

Obésité : les raisons du fiasco !