- Lésions cérébrales : comment récupérer son GPS interne - La main dans tous ses états

L'émission du 12 février 2014

La main dans tous ses états

Prendre, sentir, toucher, caresser, communiquer avec l’autre… La main est considérée comme le prolongement de notre cerveau. Or certains enfants naissent avec des malformations ou sans mains. Comment la chirurgie permet-elle aujourd’hui de corriger complètement ou partiellement ces malformations congénitales de même que les lésions nerveuses provoquées par un accident?

Que ce soit suite à des malformations congénitales ou à des lésions nerveuses, les chirurgiens plasticiens de la main parviennent à reconstruire cet organe de manière stupéfiante [RTS]

Lors des malformations congénitales de la main, les chirurgiens plasticiens opèrent très tôt dans la vie de l’enfant. Ils peuvent par exemple remplacer un pouce manquant par un autre doigt, généralement l'index. L'intervention est délicate. La main se compose de 27 os, 26 muscles,  3 nerfs principaux, de tendons et de vaisseaux.

Ces opérations doivent intervenir le plus tôt possible. Réalisées avant l'âge de 4 ans, elles permettent au cerveau de considérer le doigt comme un pouce. Dans le cas contraire, le cerveau de l'enfant devra réapprendre à appréhender son index comme un pouce.

Lors de lésions nerveuses survenues à la suite d'un accident, le temps est également un allié de poids. Les nerfs ont tendance à se rétracter. Une lésion prise rapidement peut être réduite plus rapidement. Et si la réparation d'un nerf est rapide, environ un millimètre par jour, le réapprentissage de l'usage d'un membre peut prendre plusieurs années.

Lésions cérébrales: comment récupérer son GPS interne

Le schéma corporel se définit comme étant la représentation que chaque individu se fait de son corps, afin de lui permettre de se situer dans l'espace. Il se constitue sur la base des informations que nous captons avec nos sens. Le cerveau compile ensuite toutes ces informations pour situer le corps par rapport au monde qui l’entoure. Comment s’élabore et se développe ce processus ? Que se passe-t-il lorsque celui-ci est altéré à la suite de lésions cérébrales?

Si la perception du monde qui nous entoure passe par les sens, c'est le cerveau qui décode et compile ces informations.

La découverte du monde commence par celle de notre corps. L'enfant, avant même sa naissance, développe la proprioception, un phénomène qui permet de situer les parties de son corps par rapport aux autres. Il s'agirait du premier sens à apparaître chez l'homme. Il se base sur des informations fournies par les muscles et les tendons.

Le schéma corporel se construit ensuite autour des sens. Les yeux, comme les oreilles ou la peau, informent continuellement notre cerveau sur la position de notre corps dans l'espace. Ce phénomène est automatique. Il nous permet entre autre de saisir des objets ou d'éviter les obstacles.

Mais pour notre cerveau, le corps ne s'arrête pas à cette barrière naturelle qu'est la peau. Il se prolonge dans ce que les neurologues appellent l'espace péri-personnel. Cet espace est délimité au-delà de la distance de préhension et s'adapte à la situation. Un conducteur, par exemple, considérera la limite de son corps jusqu'au par choc de son véhicule.

En cas de lésion cérébrale, ou de naissance prématurée, le cerveau n'est plus à même de situer le corps dans l'espace. Comment vivre sans se déplacer? Sans pouvoir saisir un objet? Sans pouvoir s'habiller? Il faut alors tout réapprendre. Répéter les gestes de la vie courante jusqu'à ce que le cerveau ait reconstruit notre image corporelle.

Bonus de l'émission

L’illusion de sortir de son corps

Où nous trouvons-nous dans l’espace ? A priori, la réponse semble évidente : à l’endroit où est situé notre corps. Encore faut-il que le cerveau puisse le vérifier, ce qu’il fait constamment en comparant les différentes informations sensorielles qu’il reçoit. Or les neurosciences ont démontré qu’il était facile de « tromper » le cerveau. A l’EPFL, le groupe du Prof Olaf Blanke est passé maître dans l’art de faire sortir les sujets de leurs corps.