Les maux des mots
L'aphasie et la dysphasie nous rappellent combien le langage est précieux et fragile. Lorsqu'on en est privé, ce sont tous les rapports humains qui sont bouleversés. Près d'un tiers des attaques cérébrales affectent notre capacité à parler et une tumeur cérébrale peut aussi conduire à une aphasie. Témoignages poignants de personnes touchées par ce mal.
Lorsque la perte du langage nous affecte soudainement ou quand l’accident frappe un proche, on se demande aussitôt s'il ou elle va parler à nouveau. Le langage est fragile. Un tiers des attaques cérébrales affecte la parole. Cette vulnérabilité s'explique par l'emplacement même des zones du cerveau qui contrôle la parole.
Quand on veut parler, lire une phrase ou répéter un mot entendu, l'information est acheminée vers l'hémisphère gauche du cerveau, d'abord dans l'aire de Vernicke qui permet de comprendre ce qu'on a lu ou entendu. Puis l'information passe dans l'aire Broca. Ici se fait la mise en bouche. Une lésion dans l'aire de Vernicke et notre compréhension est altérée. Un dommage dans l'aire de Broca, et c'est la prononciation qui devient difficile.
Cette analyse du fonctionnement du langage date du siècle passé. Si elle n'est pas entièrement fausse, elle ne permet pas d'expliquer pourquoi certains patients aphasiques récupèrent... Aujourd'hui, grâce à une rééducation personnalisée, le cerveau peut parfois se recâbler, mais cela prend du temps pour que les nouvelles connexions entre les neurones se forment et se fortifient.
La plasticité cérébrale n’a pas encore livré tous ses secrets. Et cela concerne aussi les enfant. Environ une personne sur vingt, c’est-à-dire un élève par classe, souffre de dysphasie. Le langage ne se développe pas correctement et cela dès la naissance. Des retards parfois durables s’installent et posent alors à l’enfant de grands problèmes d’intégration. Là encore, le fonctionnement du cerveau reste un mystère.
Un reportage de Christophe Ungar et Vanessa Goetelen