En Suisse, on assiste à une précarisation générale des contrats de travail. Une vague de fond balaie les acquis. Cela touche aussi bien le personnel formé, à qui de grandes institutions publiques proposent des contrats à durée déterminée, que des travailleurs peu qualifiés (dont les services sont externalisés et les salaires revus à la baisse). Sans oublier "l’uberisation" des rapports de travail où il s’agit de faire passer des employés pour des indépendants.
Les fameux CDD, connus de longue date en France, arrivent en Suisse et sont proposés par de grandes institutions publiques, gagnées par les méthodes du privé. De tels contrats posent des problèmes très concrets au quotidien: difficile de négocier un emprunt, impossible de postuler pour un appartement. De plus se sentir sur un siège éjectable constitue un réel stress. La ronde des contrats à durée déterminée est la nouvelle réalité avec des employés précarisés qui remplacent d’autres précaires.
Dans le domaine qualifié de "nouvelle économie" pour la première fois en Suisse de jeunes livreurs ont pris leurs destins en main et contesté le fait d’être considérés comme des indépendants. Ils ont finalement obtenu un statut d’employés. Une véritable amélioration, mais leur situation n’est pas forcément enviable. Ils travaillent sur appel sans un minimum d’heures garanti, une autre forme de contrat précaire qui gagne du terrain en Suisse.
Des employées d’EMS à Genève, elles, se sont battues pour empêcher l’externalisation de leur service avec à la clé une baisse de salaire de 1'000 francs par mois et des éboueurs vaudois dont l’entreprise a été rachetée ont vu leurs futures retraites durement péjorées. La Suisse a mal à son salariat. Ainsi dans le privé comme dans le public, les contrats sont précarisés. Pauvres aujourd’hui, pauvres demain. Car cette précarisation porte atteinte au système des retraites.
Rediffusion le vendredi 2 mars 2018 à 11h30 et le lundi 5 mars 2018 à 15h10 sur RTS Deux.
Générique
Un reportage de Myriam Gazut et Frank Preiswerk
Image : Patrice Cologne Son : Lancelot Champendal Montage : Katherine Genoud