55 ans, le bel âge pour divorcer
Après quelques années de vie commune, beaucoup de couples divorcent. En Suisse, comme partout, on s’est habitué à cette réalité. Elle cache pourtant un phénomène beaucoup plus étonnant: le nombre grandissant des couples qui se séparent après des décennies de vie commune. Les plus de 55 ans représentent actuellement la tranche d’âge où les divorces progressent le plus rapidement. "Temps Présent" est allé à la rencontre de ces femmes et des ces hommes qui ont vécu trente ou quarante années ensemble avant de se séparer.
Nous avons rencontré Nicole, aujourd’hui âgée de 72 ans. Elle n’a jamais regretté d’avoir quitté son mari à 59 ans, après quatre décennies de vie commune. Entre ses enfants et le travail – avec son époux, elle tenait un restaurant – elle n’avait eu que peu l’occasion de profiter de la vie. Subitement, les voyages, les soirées entre amis, la liberté de faire ce qu’elle veut lui ont fait découvrir "le paradis".
Nous avons également rencontré Lorraine. Quittée par son mari à l’âge de 54 ans, elle connaît d’abord une période de déprime profonde, avec l’impression qu’il est trop tard pour elle, qu’elle ne pourra plus refaire sa vie. Puis un jour, elle va prendre un cours de danse et retrouve un plaisir oublié. C’est le début d’une renaissance spectaculaire. Au point qu’elle ne changerait plus sa vie d’aujourd’hui pour celle de la femme mariée qu’elle a été.
L’histoire de Fabienne est plus compliquée. Comme pour beaucoup d’autres, la vraie rupture a été précédée de plusieurs faux départs. Elle avait rencontré son mari à l’âge de 16 ans. Il était l’homme de sa vie. Une part d’elle-même a continué à l’aimer longtemps, alors même que leur vie commune était devenue intolérable. C’est pourtant bien elle, la femme, qui a finalement pris la décision de la séparation. Ce n’est pas une surprise: il en est ainsi dans la majorité des divorces tardifs. L’homme qui témoigne dans le reportage est donc un mari dont la femme est partie. La rupture est récente. Daniel, l’homme du film, raconte sa stupeur et ses efforts pour essayer de comprendre ce qui leur est arrivé.    
Le phénomène des divorces tardifs s’est amorcé au début des années 1990 et il s’est envolé dans les deux décennies qui ont suivi. En 2010, pour la première fois de son histoire, la Suisse a enregistré plus de divorcés tardifs (20 ans ou plus) que de divorcés précoces (5 à 9 ans). La période semble coïncider avec l’entrée des baby-boomers dans l’âge des seniors (les plus de 55 ans). Même s’il existe des cas particuliers comme les "divorcés AVS", ces couples qui divorcent sur le papier pour avoir deux rentes AVS complètes, le phénomène semble avant tout lié aux particularités de cette génération née entre 1945 et 1975.
Rediffusion vendredi 19 février 2016 à 10h25 et lundi 22 février 2016 à 16h sur RTS Deux.