Il faut le savoir : désormais, il n’est pas rare que les recruteurs et les entreprises fassent une recherche approfondie sur Internet avant d’attribuer un job, ou même pour licencier quelqu’un. Et là : une soirée bien arrosée sur Facebook, un échange un peu vert sur Twitter, et toute la planète est au courant. Enquête sur un monde où l’intimité n’existe plus et dans lequel il est quasiment impossible d’effacer ses traces.
Au début, on en a tous un peu ri. Ces photos prises sur le vif d’une soirée de boîte envoyées à ses collègues, ces positions un peu scabreuses ou un peu compromettantes. Ou simplement un cliché qui montre que l’on a un peu forcé sur les long drinks, l’œil mi-clos, la paupière qui flotte. Puis, il y a eu la génération blog. Sympa de mettre sur le net, à disposition de ses potes, des opinions, des récits, des impressions personnelles. Un blog, c’est fait pour se lâcher, n’est-ce pas?
Tout cela, les promoteurs de Facebook, Twitter et autres réseaux sociaux l’ont bien compris. La grande toile, c’est le déversoir des intimités, la médiatisation mondiale et instantanée des destins anonymes. Des milliards d’êtres humains prêts à livrer leurs galipettes, leurs misères ou leurs opinions en pâture. Seulement voilà : la gueule de bois est annoncée, et elle sera douloureuse. Le marché de l’emploi, d’abord, use et abuse du net pour vérifier les CV’s, se faire une opinion sur les candidats, voire les disqualifier. Des salariés, des militants politiques, se sont vus licencier pour avoir laissé traîner sur la toile des témoignages peu appréciés de leurs employeurs. D’autres ont vu leur réputation broyée, quand ce n’est pas carrément des poursuites pénales, souvent injustifiées.
Car l’ennui, avec Internet, c’est que les traces sont presque indélébiles. Qu’elles soient à notre avantage ou qu’elles nous nuisent, nos empreintes sur le net laissent un sillon toute une vie et sont relayées sans fin, sans qu’il soit possible de mettre la main sur un responsable qui puisse arrêter la machine. A moins de recourir aux services de spécialistes, dont c’est le nouveau métier, qui vont peut-être, à prix d’or, vous permettre de sortir de la toile et retrouver les délices de l’anonymat.
Rediffusion le vendredi 2 décembre 2011 à 1h30 et le lundi 5 décembre 2011 à 15h05 sur TSR2.
Un reportage de Yves EUDES