En Suisse, petit pays, tout le monde se connaît, ou presque. Alors, quand il faut débloquer une autorisation ou intervenir auprès d’un fonctionnaire, on a vite fait de solliciter son réseau d’amis, de connaissances. On se rend service, mais en échange de quoi ? Entre intérêts bien compris et cas flagrants de trafic d’influence, voire de corruption, il existe une zone grise, légale mais pas très morale, faite de petits arrangements entre amis, de copinage, de favoritisme. Les administrations publiques doivent rester intraitables et transparentes, mais le sont-elles vraiment ?
Si la Suisse est plutôt bien classée à l’international en matière de corruption, la proximité entre les intérêts d’entreprises privées et les fonctionnaires de nos administrations communales, cantonales et fédérales, génèrent parfois des comportements qui interrogent. 
Souvent corruption ou conflit d’intérêt vont de pair avec la gestion calamiteuse d’un service ou d’une administration. Des millions s’évaporent sans qu’on ne sache, ni comment ni pourquoi ! Ce n’est pas de la corruption, juste de l’incompétence et du laxisme. Mais c’est un terreau favorable au conflit d’intérêt, au trafic d’influence, à la gestion déloyale ou encore à la corruption. Entre tout cela, les limites sont parfois floues. Un comportement tout-à-fait légal peut susciter des interrogations sur le plan éthique.
Membres d’un même parti politique, étudiants d’une même école, camarades du même bataillon, de la même fanfare, du même club de tennis, les uns dans le secteur public, les autres dans le secteur privé, ils cultivent un entre-soi sans penser à mal. Comme la Suisse est un petit pays, ce qu’on appelle le réseau d’amis, fonctionne d’autant mieux. Et ces amis et ces relations finissent toujours par se croiser un jour ou l’autre. 
Par exemple : le chef informatique des Contributions fédérales, accessoirement actionnaire d’une société informatique, n’a eu ni problème ni états d’âme, pour passer commande de matériel à sa propre société. Ça tombait bien, c’était plus simple et ça pouvait rapporter gros. Il faudra des années pour qu’il soit rattrapé par le code pénal et condamné.
Autre exemple au niveau cantonal :  les Services industriels Genevois SIG, gros investisseur dans l’éolien dans les années 2010. La Cour des Comptes genevoise débusque des dérives et une mauvaise gestion. La direction finit par dénoncer un de ses employés soupçonné de corruption.
Parfois c’est la démocratie qui est corrompue. On revient sur les élections communales de Porrentruy en 2012. Deux personnes s’étaient vantées d’avoir détourné des enveloppes de vote par correspondance au profit d’un des deux candidats. Du coup l’élection avait été annulée par la justice. Ce qui allait donner lieu à un véritable vaudeville.
Rediffusion le vendredi 1er juin et le lundi 4 juin sur RTS Deux.
Un reportage de Yannick Tenet et Dominique Willemin
Image : Patrick Mounoud Son : Christophe Jaquier Montage : Emmanuelle Eraers