En Suisse, près d'un mariage sur deux finit par un divorce. Dans 95% des cas, les pères divorcés payent les pensions des enfants, parfois de l'ex-épouse. Etranglés financièrement, ces papas n'arrivent parfois plus à joindre les deux bouts et sont réduits à la pauvreté. A cela s'ajoute la souffrance de ne voir leurs enfants que par intermittence. Pour Temps Présent, des pères témoignent et réclament justice. Jeudi 15 février à 20:05
Selon les avocats et les juges, si vous gagnez entre 3'000 et 13'000 francs par mois, vous êtes considéré comme « fragile » en cas de divorce. Parce que vous n'avez pas la capacité de payer une pension, deux loyers et deux fois les frais usuels d'une part et que vous ne pouvez solliciter l'aide sociale d'autre part. Car aux yeux de la loi, le mariage n'est rien de plus qu'un contrat, que l'on a le droit de rompre. Dans un tel cas, le juge va s'intéresser aux besoins des enfants (et c'est heureux !), mais ni aux causes du divorce, ni aux conséquences, notamment financières, pour les époux. Et c'est là la limite du système dans une société où le divorce ne cesse d'augmenter : en Suisse, pour cent mariages, ont a compté plus de 52 divorces en 2005.
Étant donné qu'ils représentent la principale source de revenu dans 95% des cas de divorce, ce sont principalement les pères qui paient les pensions des enfants, voire du conjoint. C'est ainsi qu'en Suisse le divorce a condamné nombre de papas au minimum vital : pension alimentaire, impôts, loyer et assurance déduits, il ne reste parfois que quelques centaines de francs par mois pour vivre. La débrouille et les magasins de seconde main deviennent alors une nécessité. La moindre dépense, pour soi-même ou pour ses enfants, un luxe.
Sur le modèle des associations féminines, les hommes s'organisent, timidement, pour se soutenir avant tout, mais aussi pour réclamer une autre justice. Pour Temps Présent, François, Erwin, Eric, Yvan, Laurent, Kumar et Mario brisent le silence. Chacun raconte son histoire faite de souffrance, de privation et de droit de visite. Un parcours qui les éloigne de leurs enfants, et les cantonnent à de modestes appartements ou des caravanes, parfois même à la prison.
Un reportage de Florence Fernex et Christian Fehlbaum
Image : Pascal Gauss
Son : Charles Wicki
Montage : Christian Bonvin