- Le virus de la grippe A H1N1 a atteint sa phase de croissance exponentielle. Faut-il se vacciner?
- Les remèdes de grand-mère redeviennent à la mode. Mais sont-ils bien efficaces? N'y a-t-il pas de risques?
Se faire vacciner ? Telle est la question...
Dario Frigo dans le contre-la-montre à Lausanne - 5 mai 2002 Le virus de la grippe A H1N1
a atteint sa phase de croissance exponentielle. La question du
vaccin est dès lors centrale. D'un côté, on peut lire que des
cliniques, des cabinets de pédiatres sont pris d'assaut ; de
l'autre, on sait que ces vaccins soulèvent beaucoup de résistance
et de méfiance ! Que doit-on savoir de ces vaccins pour faire son
choix...?
Entretien avec le Dr Pascal Meylan, médecin-adjoint,
spécialiste virologie clinique, CHUV
Dario Frigo dans le contre-la-montre à Lausanne - 5 mai 2002
Remèdes de grand-mère: potions thérapeutiques ou pur folklore
?
Dario Frigo dans le contre-la-montre à Lausanne - 5 mai 2002 Pour
certains, la pharmacie n'est pas un commerce en centre ville, mais
la forêt et la nature. Germaine Cousin-Zermatten, par exemple, y
trouve les remèdes qui la soignent depuis son enfance.
Dans son mayen valaisan, au-dessus de Saint-Martin, elle nous
prépare une décoction bien particulière : « C'est la tisane
anti-grippe. C'est quand il y a des grippés autour de vous ou bien
aux premiers frissons... Vous faites un jour deux litres de ce thé.
Vous ne mangez rien, vous buvez ça toute la journée et puis chaque
fois que vous prenez une tasse vous ajoutez une cuillérée de miel.
Je mets 5 clous de girofle, puisque c'est pour 1 litre. Je vais
ajouter une demi-poignée de grains de genièvre, deux feuilles de
laurier et une pointe de couteau de muscade. Et maintenant, je mets
encore trois bâtons de cannelle que je casse un peu... »
Germaine a passé ces trente
dernières années à rassembler savoirs et remèdes qui se
chuchotaient dans les vallées - comme des secrets pour garder la
santé. Comme ce thé aux oignons, auquel il faut ajouter jus de
citron et miel pour lui donner toute sa puissance. Germaine
Cousin-Zermatten ne lui voit que des vertus : « Il est très bon. Ça
renforce les défenses immunitaires et ça renforce aussi les
muqueuses. L'ail et l'oignon, c'était vraiment les antibiotiques
d'autrefois avant que l'on connaisse les vrais... »
Il y a ce que savent les anciens par des siècles d'expérience et
de transmission, et il y a ce qui dit la science. Un peu plus loin
dans la vallée, nous avons rencontré Marc Régnier. Ce botaniste est
le directeur de l'Alchémille , une école de plantes médicinales installée à
Evolène. Il étudie les plantes dans les moindres molécules pour
comprendre leur action thérapeutique.
Selon lui, la recette de Germaine se base sur des vertus connues
des plantes. Ainsi, « on va utiliser les propriétés essentiellement
dépuratives de l'oignon, qui vont nettoyer l'organisme. Par rapport
aux épices - girofle cannelle, muscade ...- c'est le coté
antiseptique et antibactérien qui est exploité ». Marc Régnier
relève toutefois que la cuisson dégrade une bonne partie des
principes actifs. Il faut dès lors en consommer beaucoup pour avoir
un effet thérapeutique significatif.
Traiter les bobos de l'hiver dans le giron de grand-mère, c'est
un choix qui séduit de plus en plus de monde - jusque dans
l'univers urbain. Les livres, les journaux et surtout internet
regorgent de recettes, des plus abracadabrantes aux plus
traditionnelles. Elles se basent le plus souvent sur des aliments
du quotidien.
Navet, pomme de terre, épices ou oignon - il est par exemple
recommandé de dormir tout près d'un oignon coupé pour soigner un
mauvais rhume. Mais ces trucs sont-ils vraiment efficaces ?
Il n'existe que très peu d'essais cliniques sur des patients, d'où
le scepticisme des pharmacologues à l'image de Thierry Buclin, à
qui nous avons également soumis la recette du thé anti-grippe aux
oignons. Selon le Docteur Thierry Buclin, pharmacologue au CHUV, «
il n'existe pas de preuves d'efficacité clinique pour ce genre de
tisanes ». Lors de ses recherches, il a en revanche trouver des
articles prouvant de l'efficacité de l'oignon sur la cicatrisation
des plaies, sur la formation de certaines cicatrices inesthétiques.
Mais rien de tel sur les tisanes.
Si le Dr Buclin ne souhaite pas une prohibition de tels
ingrédients, il met juste en garde les potentiels consommateurs
contre un charlatanisme « éhonté ». Malheureusement, des
recettes-remèdes totalement improbables, parfois dangereuses et
dont il faut se méfier, s'affichent un peu partout.
En quelques clics, on peut tomber
sur des recettes comme ce sirop « maison » contre la toux. Il
comprend de la bière, de la cassonade, de la mélasse... Mais aussi
de l'alcool à 94 degrés et une bouteille de 50ml d'essence de
menthe poivrée. C'est un dosage dangereux selon Marc Régnier. «
Quelques gouttes d'huile essentielle de menthe poivrée suffisent
pour bénéficier de ses propriétés thérapeutiques. Dans le cas de
cette recette, on est dans quelque chose de dangereux à la fois
pour l'adulte, qui avec de tels dosages va perdre l'orientation,
avoir des soucis au niveau neurologique. Et on est vraiment dans
quelque chose de mortel pour un enfant et un nourrisson ».
Pour ne pas se faire du mal ou mettre en danger une personne
proche, il est donc important de bien se renseigner, auprès de son
médecin de famille par exemple, et également de se fixer des
limites.
Pour le Dr Brigitte Zirbs-Savigny, médecin FMH, le plus
difficile est d'estimer quand ses limites sont dépassées et qu'il
faut passer de l'automédication à la visite chez un médecin. « Cela
demande un peu de savoir faire, un peu d'entraînement. Ce qui est
le plus dangereux, c'est quand on rate ce moment où nos limites
sont dépassées, alors on met en danger le patient uniquement parce
qu'on veut lui faire du bien ».
Pour aider ses patients, la doctoresse elle-même a donné des cours
d'automédication. « En principe, tout le monde peut suivre cette
formation. Il faut avoir du savoir et du savoir faire, ce qui s'est
pas mal perdu avec les nouvelles générations de parents, de mamans
et de jeunes adultes. Et il faut avant tout faire attention aux
catégories de personnes. On ne soigne pas de la même façon un bébé
de 3 mois qui, quand il a 40 degrés de température, va très vite se
déshydrater, ou une petite grand mère de 95 ans qui a plein de
médicaments, qu'un jeune homme de 19 ans qui, une fois par année, a
une bonne crève et qui en fait est en pleine forme ».
Soigner avec des remèdes à base de plantes très communes fait donc
aussi partie de la pratique de certains médecins. A Colombier, le
docteur Calame les prescrit souvent en prévention, mais aussi en
complément des médicaments conventionnels. « Les antibiotiques nous
fatiguent et touchent également notre organisme. Je prescris
toujours en complément des tisanes, des oligo-éléments, des huiles
essentielles, l'homéopathie aident notre corps à supporter cette
agression ».
Recette du Thé aux oignons
(Germaine Cousin-Zermatten)
1,5 l d'eau
6 oignons
1 poignée de baies de genièvre
2 pointes de couteau de muscade râpée
4 feuilles de laurier
10 clous de girofle
5 bâtons de cannelle
miel
6 citrons
Recette : réduire les oignons coupés à feu doux pendant 25 minutes
avec les épices. Filtrer, ajouter le jus de citron, verser dans un
thermos et boire durant la journée. Sucrer chaque tasse avec une
cuillère à café de miel.
A prendre au début d'une grippe ou en prévention lors d'une
épidémie.
Extrait de : « Recettes santé de nos grand'mères ». Germaine
Cousin-Zermatten Ed. Monographic, Sierre.
Chère la pilule !
Dario Frigo dans le contre-la-montre à Lausanne - 5 mai 2002 La pilule contraceptive est commercialisée en
Suisse depuis 1961. Une véritable révolution qui marque le combat
de certaines femmes pour la libération du corps : séparer la
sexualité de la reproduction au profit du droit au désir et au
plaisir sans risque.
Depuis, la pilule s'est largement répandue. Entre 2008 et 2009, en
l'espace d'un an, sa vente en Suisse a généré plus de 53 mios de
francs. Et ce n'est pas le choix qui manque. La fourchette de prix,
génériques compris, va de 9.65.- à 24.40.- Si l'on se réfère à la
pilule la plus vendue actuellement en Suisse, la Yasmin de
Bayer-Schering, une femme dépense en moyenne 276.- par an, sans
prendre en compte les rabais octroyés par les pharmacies.
Mais vu que l'ordonnance d'un médecin suisse est aussi valable à
l'étranger, il suffit de passer la frontière franco-suisse, pour
constater une différence de prix importante.
Pour la pilule Yasmin de
Bayer-Schering, on paie en Suisse la boîte de 3 mois 69 francs en
moyenne. Alors que du côté français, on ne la paie que 42 francs.
Il y a donc une différence de 27 francs. En l'achetant en France,
on économiserait donc l'équivalent de presque 5 plaquettes par
année.
En boîte de 3 mois, la pilule
Cerazette d'Essex Chemie, 3ème sur le marché suisse, est vendue au
prix de 54 francs en moyenne. En France, on peut l'acheter 41.70
francs. La différence est de 12.30 francs. En l'achetant de l'autre
côté de la frontière, on économiserait l'équivalent de 3 mois de
contraception par année.
Cinq mois de contraception économisés, ce n'est pas rien. Pour
comprendre cette différence de prix, nous avons écrit aux
laboratoires produisant ces différentes pilules. Un seul d'entre
eux nous a répondu, Bayer-Schering. Voici sa réponse : « Dans
chaque pays, les prix des médicaments sont déterminés par les coûts
de recherche et développement, de production, d'autorisation et de
distribution ».
Pour bénéficier d'une pilule moins chère, il existe 2 solutions.
D'une part l'achat d'un générique d'une pilule originale. D'autre
part, les importations parallèles. Or étonnamment, sur une
trentaine de pilules contraceptives existant en Suisse, seulement 5
sont importées parallèlement. La petite taille du marché suisse
semble décourager cette prise de risque.
Les profits ainsi générés se font aux dépens de la consommatrice
et des couples suisses, qui font ici les frais d'un
dysfonctionnement du marché inacceptable.