Genève dans la tempête (1/5)

Crise, populisme et fusillade - Plongée dans les années 1930

Cette semaine, Histoire Vivante se penche sur un épisode de l'histoire de Genève qui connaît, dans les années 1930, crise, mouvements populistes, anarchisme et antisémitisme. Une semaine construite à partir d'une série télévisée, "Le Temps des Passions", réalisée en 1977 par Claude Torracinta.
En juin 1918, près de 700'000 Suisses sont considérés comme "indigents", sur une population de moins de quatre millions d'habitants. Un cinquième de la population est donc en dessous du seuil de pauvreté. Nombre de ceux qui ont conservé leur emploi sont aux limites de la misère, y compris les petits fonctionnaires et les petits employés. Pour la gauche socialiste et syndicale, il faut proposer une autre politique et il faut se donner les moyens de l'imposer, car rien ne laisse alors croire que la majorité politique et les forces dominantes de l'économie se plieront aux exigences du mouvement ouvrier.
Dimanche 25 mars à 20h40 sur RTS Deux, vous pourrez voir "Grève générale 1918 - La Suisse au bord de la guerre civile" un documentaire-fiction réalisé par Hansjürg Zumstein (2018, Coproduction SRF-RTS-RSI-SSR).

Photo: distribution de repas aux enfants pauvres, Zurich, 1908 (© Annales de la Société suisse d'hygiène scolaire)


Genève dans la tempête (2/5)

Crise, populisme et fusillade - Plongée dans les années 1930

Les communistes et certains socialistes à Genève ne sont pas les seuls partisans de l'action directe dans les années 1930. Le mouvement anarchiste est alors d'une vigueur remarquable.
Très actif au sein des syndicats, particulièrement dans le bâtiment, ils sont de toutes les manifestations. Louis Bertoni, un anarco-syndicaliste tessinois apôtre du mouvement libertaire à Genève et animateur du réveil anarchiste, exerce alors une influence considérable sur les travailleurs.
C'est cependant un autre homme, Lucien Tronchet, qui aux yeux des Genevois symbolise alors l'anarchie et l'action violente. Son tempérament de lutteur, son recours à l'action directe font de lui une figure incontournable.

Photo: grève des couvreurs genevois en 1931. Groupe de grévistes avec au premier rang, à gauche du tambour, Lucien Tronchet. (© Collection du Collège du Travail, Genève)


Genève dans la tempête (3/5)

Crise, populisme et fusillade - Plongée dans les années 1930

L'extrême droite prolifère à Genève entre la fin des années 1920 et le début des années 1930. Le terreau est, il faut bien le dire, particulièrement fertile.
Entre la crise économique internationale déclenchée par le krach de Wall Street et les scandales bancaires qui agitent la cité de Calvin, les patrons n'ont qu'à se pencher pour exploiter les masses sans travail.
Avec l'implantation de nouveaux grands magasins dans la ville, dont certains appartiennent à des groupes étrangers, c'est une fois encore un chemin tout tracé pour la presse nationaliste qui titre de manière sensationnaliste contre ce qu'elle surnomme "les bazars", particulièrement le Grand Passage, l'Uniprix ou le Bon Génie.

Photo: défilé du service d'ordre de l'Union nationale sur les quais de Genève dans les années 1930 (RTS)


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Crise, populisme et fusillade - Plongée dans les années 1930

L'histoire se consolide, et autour des années 1920 les mouvements se multiplient. A Genève, le Cercle d'études politiques rebaptisé plus tard Res Helvetica proche de l'Action Française, à Lausanne Ordre et Tradition, à Neuchâtel le Cercle Nationaliste neuchâtelois…
Tous ces mouvements ont en commun de dénoncer l'Etat fédéral. Ils estiment également que les élites doivent se ressaisir pour réagir au complot germano-démocratico-centralisateur qui vise à étouffer la Suisse francophone.

Photo: le mercredi 9 novembre 1932, l'armée tire sur la foule lors d'une manifestation à Genève. Bilan: 13 morts et 65 blessés. (© Keystone)


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Crise, populisme et fusillade - Plongée dans les années 1930

Le 9 novembre 1932, la gauche, Parti socialiste en tête, tente d'intervenir dans une manifestation. Il s'agit dʹun meeting organisé par l'Union Nationale, parti d'extrême droite conduit par Géo Oltramare. Celui-ci a en effet l'intention de juger publiquement Léon Nicole, responsable du Parti Socialiste à Genève.
Face au Parti Socialiste qui manifeste, la police et l'armée sont là. Très vite, les militaires sont entourés par la foule.  Des fusils sont brisés sur le trottoir, des casques écrasés à coups de talons...

Photo: soldats blessés lors de la manifestation genevoise du 9 novembre 1932 (© Max Emile Jean Kettel/Bibliothèque de Genève)